lundi 10 octobre 2011

Le Thanksgiving chez moi

Aujourd'hui (hier, quand vous lirez ceci), c'est le Thanksgiving, ma fête préférée. Je le passe chez moi à ne rien faire... ou on le croirait, à l'œil nu. Je n'ai pas à cuisiner, car j'ai eu mon souper de Thanksgiving hier à l'église pentecôtiste, qui nourrissait gratuitement les pauvres, les esseulés, et d'autres qui préféraient être là qu'ailleurs, comme ma députée qui est venue avec son mari, son fils, sa belle-fille et ses deux petites-filles. Donc, des pauvres et des esseulés, et des riches avec leurs familles. C'était bien. Chose étrange, les riches circulent et parlent à tout le monde, les pauvres esseulés gardent les yeux sur leur assiette. Enfin bon. Un bon souper de Thanksgiving gratuit chez quelqu'un d'autre, c'est toujours ça de pris. Pis il n'y avait pas de boisson, c'est encore mieux.

Donc, puisque j'ai déjà eu mon souper, aujourd'hui je n'ai rien de prévu, et pourtant je me sens festive. J'ai broyé des coquilles d'œufs pour mes citronniers, qui ont pris deux ans dimanche dernier (même anniversaire que Gandhi). J'ai passé quelque temps dans mon jardin, qui est toujours en fleur alors que tous les "vrais" jardiniers avec des "vrais" jardins ont déjà été gelés. Ici sur mon balcon, d'abord j'ai l'altitude et la quantité prodigieuse de chaleur perdue par ma porte-fenêtre, mais en plus j'ai le soleil du matin, qui dissipe donc le froid alors que les jardins des autres sont toujours dans l'ombre. Le vent froid a tué pas mal de feuilles, mais j'ai toujours des coquelicots, des pensées, des belles-de-jour, des pâquerettes, et d'autres fleurs dont je ne connais pas les noms français. J'ai même planté des bulbes de tulipes et de jonquilles, pour voir.

Puis, je nettoie la maison. Ça vous parait peut-être pas festif, mais après des années de vagabondage, j'ai enfin réussi cette année à m'installer complètement chez moi, grâce au non-job de Rocanville. J'ai une place pour chaque chose et chaque chose à sa place, toutes les caisses sont vidées et rangées, et j'ai même pu m'acheter un balai, une vadrouille et un seau. Pas que ce soit cher, mais pourquoi en acheter quand on n'est pas chez soi? Alors aujourd'hui, grand nettoyage; plafond, lino, époussetage, balayeuse, et bien sûr, nettoyage du jardin. Et j'ai même un candélabre sur le mur avec des bougies qui sentent bon. Il faudrait aussi que je fasse les carreaux, mais pour ça j'attendrais qu'il fasse plus chaud. Un de ces jours, je vais même me décider à peinturer les murs, qui sont en ce moment d'un mauve gerbique. Tout ça ne prend pas longtemps, car je n'ai "que" 40 m². Pour les canadiens, c'est petit et cher, mais pour les français, une personne et un chien dans 40 m², c'est le luxe.

A part nettoyer, j'ai donc encore le temps de faire autre chose, et comme je suis bien installée, j'ai même des passe-temps à portée de la main. Des livres de bibliothèque, mon violon, deux sermons à écrire car j'avais une semaine de retard, et tiens, ai-je parlé de mon jardin? Je pourrais même me remettre au crochet; j'avais tout rangé le jour où j'étais censée partir pour Rocanville début mai, mais je pourrais le ressortir et finir mon projet. Pis je pourrais trier des photos et en faire imprimer et encadrer pour mettre sur mes murs, maintenant que je suis "chez moi" et que ça vaut la peine de décorer. Sauf que j'hésite un peu entre des photos de ma famille, ou des trucs que je trouve sur Radio Canada, genre des gosses qui meurent de faim en Somalie. Je pourrais faire deux murs: un sur ma famille, un sur les drames du monde. Ou encore mélanger les deux. Enfin l'important, c'est que je peux y réfléchir, car je suis "chez moi" et il n'y aura pas lieu d'en partir bientôt.

On peut donc dire que cette année pour le Thanksgiving, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Enfin surtout ordre et calme; le reste beaucoup moins. Mais après tous les drames des... euh... au moins neuf dernières années, ça vaut bien la peine d'être reconnaissant.

Joyeux Thanksgiving de retard à vous autres aussi!

7 commentaires:

Une femme libre a dit…

Un mur de photos mélangées de votre famille et des catastrophes du monde? Si votre famille ne vous visite jamais, pourquoi pas?

Extraordinaire que votre jardin soit encore en fleurs à ce temps-ci de l'année.

Mongoose a dit…

Oh, je ne pense pas que ça dérangerait ma famille... Ils ont l'habitude. C'est plutôt quand j'ai des visiteurs qui ne me connaissent pas bien que j'aurais à expliquer pourquoi je fais ça.

Abige Muscas a dit…

j'ai failli faire un peu la même remarque que Femme Libre, mais pour dire que si c'était la seule façon de rendre ta famille sympathique, ma foi, pourquoi pas?

cela dit, le concept de photos d'enfants mourant de faim sur les murs, ça me dépasse un peu. Si c'était comme ça chez moi, je déménagerais!

Mongoose a dit…

En fait y a des gens qui aiment mettre tous les trucs importants au même endroit... et apparemment d'autres à qui ça échappe complètement.

Une femme libre a dit…

Bon, votre famille est un truc important. Super! Pour moi aussi, tiens...

Une femme libre a dit…

Et la faim dans le monde, c'est certainement un truc important aussi. Et de l'avoir tout le temps sous les yeux, mettons que ça aide à ne pas se reprendre une deuxième assiette par pure gourmandise.

Mongoose a dit…

Y'a pas de deuxième assiette chez moi, je fais juste ce qu'il me faut. Il n'y a également qu'un mur qui convienne vraiment pour mettre des photos, donc à moins de mettre les deux ensemble, soit la famille soit l'humanité vont se trouver dans le couloir où je ne les verrai pas.