mercredi 1 février 2012

Le défi de la Chine moderne

Hé oui, c'est reparti pour le défi des livres, sauf que comme j'ai déjà dit, je me la joue moins "défi" cette année puisque d'abord, ça n'a pas suscité de discussion l'année dernière (sauf On Being Certain que tout le monde adore), et deuxièmement, je n'ai pas trop de mal à lire 52 livres par an. Donc maintenant c'est juste les livres, mais je garde la rubrique "défi" pour avoir de la suite dans le blog.

Bon. Donc, livre n°1 : The Penguin History of Modern China : the fall and rise of a great power 1850-2009, Jonathan Fenby, 2009.

Sur la couverture il y a une citation d'une revue dans le Sunday Telegraph : « overlook this book at your peril. » Euh... ah bon ? Il va m'arriver quoi, exactement, si je lis pas ton livre ? Jonathan Fenby va venir me butter la yeule ?

Bon. Ayant lu le livre, je n'ai toujours pas compris où était le péril, mais ça vaut vraiment la peine de le lire, même sans les menaces du Sunday Telegraph, et même si on ne s'intéresse pas à la Chine, car la morale est la même partout. Au début, la Chine est un pays idyllique. Bon, ils ont des inondations et des dictateurs fous, mais à part ça, c'est plutôt mieux qu'ailleurs : une société agricole avec un niveau de vie confortable, des fonctionnaires choisis par concours, et la philosophie confucéenne. Malheureusement, les européens industrialisés se sont mis en tête de conquérir le monde, semant la zizanie partout, et ça a détruit la structure socio-économique de la Chine et de partout ailleurs où ils sont allés, et maintenant le Groupe de Davos s'inquiète, blah blah blah.

Un autre côté intéressant, c'est que les chinois, comparés à nous autres, sont très féroces, et les japonais encore plus. Alors au début c'est en fait rafraichissant, parce que j'en ai marre des idées mièvres de mes compatriotes. Par exemple, une amie a une gamine de dix ans qui a du trouble à l'école avec une fille « méchante ». Elle en a parlé à la maîtresse, qui a convoqué les deux petites à une « table de réconciliation » avec un médiateur et tout, blah blah blah. Pfffffffff... C'est bien gentil tout ça, mais quand la gamine aura 25 ans et que son patron sera pas gentil, est-ce que sa maman va convoquer tout le monde à une table de réconciliation ? Nous autres quand on était petits on se débrouillait entre nous, avec des argumentaires soignés genre « c'est ç'ui qui l'a dit qui y est » ou un bon coup de poing sur le nez. Donc les chinois féroces, au début, ça change agréablement de chez moi. J'ai surtout aimé le concept du Bureau des Punitions, et le système de dénoncer ses collègues incompétents. Si on avait ça dans les Ténos, notre gouvernement ferait peut-être moins pitié.

Malheureusement, comme chacun sait, tout ça s'est beaucoup gâté avec la guerre civile ( encore une, ils en ont souvent ), les japonais, Mao, la Révolution Culturelle, tout ça. Puis, sous Deng Xiaoping, ça s'est beaucoup calmé. Quand on en arrive au Printemps de Péking, on se rend compte qu'en fait, comparé à l'histoire de la répression en Chine, ça s'est passé en douceur ; en plus, ce que j'ignorais, c'est que c'est le peuple qui a attaqué l'armée, pas l'inverse, et que les dirigeants ont essayé plusieurs fois de rencontrer les chefs de la rébellion, qui ont refusé de négocier ( ils n'avaient d'ailleurs rien à négocier puisqu'ils n'avaient ni de pouvoir, ni de revendications cohérentes ), et leur ont aussi permis d'évacuer calmement Tiananmen, ce qu'ils n'ont pas fait. Donc bon, c'était peut-être choquant comparé à une manif de chez nous, mais je ne trouve pas qu'il y ait vraiment de raison de s'affoler.

Après ça, il y a une épilogue très longue où l'auteur reproche à la Chine des choses comme l'inflation, les petits empereurs, les nouveaux riches, la pollution, et les billevesées de la bourse, donc en fait les mêmes problèmes qu'ont les Etats – moins la dette immense. Donc j'ai mal compris ce qu'il pense prouver avec son épilogue. C'est plus ou moins une reprise de l'introduction immense ( xlviii pages ) ; ni l'une ni l'autre ne me parait vraiment nécessaire. Je m'intéresse aux fait et à mon opinion d'iceux, pas à la sienne. Les opinions des autres, en général, ça m'intéresse pas énormément.

Et puis bien sûr, il n'y aurait pas d'histoire moderne sans une rencontre avec Winston Churchill, qui apparait dans ce livre juste assez de temps pour dire un truc raciste. Il ne manquait vraiment jamais une occasion de se rendre désagréable, lui.

Bon, en bref, je recommande énormément ce livre, surtout aux canadiens mous et peureux qui n'aiment pas les opinions parce que « c'est pas fin ». Pis à quiconque s'intéresse au futur de l'économie globale, parce qu'à mon avis, c'est prophétique. D'ailleurs je recommande les Penguin History of, parce qu'ils ne m'ont pas encore décue.

Or donc, le défi 2012 part du bon pied.


Et bien sûr, je continue mes démêlés avec la Bible, surtout les dimanches. Or donc :

Livres n°2 à 9 : Nombres, Deutéronome, Juges, Josué, Ruth, 1 Samuel, 2 Samuel, Ecclésiastes

Les Nombres, bon, il faut bien en passer par là. Le Deutéronome est très marrant, on apprend entre autres qu'il ne faut pas bouillir un chevreau dans le lait de sa mère, ni manger de chameau, lièvre, ou blaireau de rocher. Bin zut alors, moi qui comptais manger un chameau à fin de semaine... Les insectes à quatre pattes sont aussi interdits, ce qui est un peu surréel, mais les sauterelles sont permises.

Après ça c'est les livres dits « historiques » qui sont en fait assez semblables à l'histoire de la Chine, moins les détails atroces, et bizarrement, sans commentaire de la part de Churchill. On s'en lasse, à force, surtout de ce maudit cave de David qui méritait des baffes. C'est pour ça que j'ai sauté de Samuel à Ecclésiastes, qui est bien plus sympathique. Malheureusement il est aussi très court, donc c'est reparti sur l'histoire des despotes... En fait quand j'y pense, « histoire des despotes », c'est redondant. Au moins dans la Bible y a pas d'inflation, donc faut croire que malgré tout, il y a parfois du nouveau sous le soleil.

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