mardi 6 décembre 2011

Le défi du cerveau, ou, pourquoi tout le monde farme sa yeule

Livre n°102 : On Being Certain : Believing You Are Right Even When You're Not, Robert A. Burton, M.D., 2008.

Robert A. Burton, M.D., est un neurologiste. Pendant des années, il s'est demandé comment on sait ce qu'on sait. Comment est-on sûr ? Pourquoi ? Et surtout, pourquoi est-on sûr de trucs qui sont évidemment faux et stupides ?

La raison, c'est qu'il y a un mécanisme chimique dans le cerveau qui produit le sentiment de certitude. La certitude n'a donc rien à voir avec la véracité ou même la plausibilité du sujet.

Je m'en doutais.

J'ai découvert ça moi-même, un jour que j'écoutais quelqu'un qui se croit très intelligente (et qui l'est probablement assez puisqu'elle a deux diplômes bac + 4) se plaindre d'un truc complètement stupide dont elle se plaint depuis 20 ans. Quand elle a enfin fermé sa yeule, j'ai expliqué calmement, en termes que ma psychothérapeute (que j'ai licenciée pour incompétence, remarquez) aurait admirés, qu'elle avait tort. Alors elle (l'amie, pas la psychothérapeute) me dit « c'est vrai, ce que tu dis... Mais j'ai raison. »

Bon. Remarquez, j'ai beaucoup d'expérience avec les gens au cerveau détraqué, donc quand je me dis « j'ouïs un cerveau endommagé », j'ai mes raisons. Et apparemment, j'ai raison, parce que la même année, Robert A. Burton, M.D. est arrivé à la même conclusion.

Du coup, Robert A. Burton et moi nous demandons, si le cerveau crée l'impression d'avoir raison à tort et à travers, comment sait-on quand on a vraiment raison ?

Haha, elle est bien bonne.

Euh... Non, vraiment, sans blague, comment sait-on qu'on a raison ?

Bin en fait, quand on sait, 100%, dur comme fer, qu'on a raison, c'est la chimie du cerveau. Mais si on pense, tout bien considéré, que l'évidence suggère que c'est probablement correct, il est possible que ce soit correct.

Je répète : si on est 100% sûr, c'est juste le cerveau qui déconne. Alors par exemple « la violence familiale c'est 100% la faute de l'accusé », vous voyez le problème ? Hé oui. Vous êtes sûres (vous êtes plusieurs à dire ces âneries), donc vous avez tort. Ou plus exactement, vous êtes sûres, donc votre opinion ne compte pas, car c'est probablement juste un défaut du cerveau. Tout bien considéré, l'évidence suggère que vous n'en savez que dalle.

C'est génial, ce truc. Ça résout tous les arguments. Soit l'autre gars est certain, ce qui suggère qu'il a tort et un défaut du cerveau, soit il n'est pas certain et ce n'est pas la peine de s'énerver. A partir de dorénavant, je ne discute plus qu'avec des gens qui ont lu ce livre. Meilleur livre de... toute ma vie. Plus important que la Bible et le Coran à l'infinité plus one.


Livre n°103 : Fidel and Che : a revolutionary friendship, Simon Reid-Henry, 2009.

J'avais dit que je ne lirais plus de trucs politiques pendant l'Avent, mais j'avais sorti celui-ci de la bibliothèque juste avant que Churchill arrive de la bibliothèque d'Inuvik (I-NOU-vik), donc, bon.

Ce livre a de gros problèmes de syntaxe, et je ne suis pas vraiment convaincue de sa thèse selon laquelle Fidel et Che étaient amis de cœur et ne fonctionnaient pas bien l'un sans l'autre. Mais l'avantage c'est que c'est court (360 pages) et traite deux gars d'un coup, donc ça va vite. Pis y a pas trop de « style ». Je vais devoir lire des trucs plus complets sur les deux, mais à première vue, ils sont très différents des autres dictateurs. D'abord, ils ont tous les deux fait des études. Che était docteur, Fidel, avocat. Bon, d'accord, c'est deux professions qui attirent les psychopathes, mais c'est plus que Churchill, Ivan le Terrible, Mao et Staline réunis. Et Gandhi aussi était avocat. Donc ça pourrait être bon signe. Malheureusement, Che était certain d'avoir raison, et en plus il admirait Mao, donc, on ne peut pas lui faire confiance. Par contre Fidel m'intrigue. Il a l'air sympathique, pour un dictateur. Et il obtient des résultats. Ou en a obtenu. Je lirais bien sa biographie, sauf qu'il n'est pas encore mort, alors ça risque de s'éterniser.

Pour en revenir au livre, je le recommande si vous ne pensez jamais rien lire d'autre sur l'un ou l'autre, mais s'ils vous intéressent vraiment, c'est un peu Fidel and Che Light.


Livre n°104 : Caruso's Method of Voice Production, Professor Mario Marafioti, 1922.

Bof. Comme je n'ai pas de professeur de chant et qu'il n'y en a probablement pas un à 1100 km qui puisse me dire quelque chose que je ne sache pas encore, je suis allée voir sur Amazon s'il y aurait des livres qui puissent m'aider. Celui-ci n'était pas cher, les acheteurs sur Amazon étaient enthousiasmés, et puis si ça marchait pour Caruso, pourquoi pas ?

Une fois de plus : bof.

D'abord, le gars m'énerve. Il est désagréable et arrogant. Deuxièmement, il n'explique pas vraiment comment chanter comme Caruso ; ce qu'il explique en long et en large c'est que nous autres on chante tous super mal et qu'il peut le prouver scientifiquement. Mais si j'ai bien compris, le truc c'est de chanter en italien et de relaxer la gorge.

Hein ? J'ai payé de l'argent pour ça ?

D'abord je le savais déjà, et ensuite ça fait au moins vingt ans que je fais ça. Ce qui explique peut-être pourquoi je chante, sinon comme Caruso, au moins assez bien pour faire non seulement Rejoice Greatly depuis des années, mais aussi Hear Ye, Israel du premier coup sans l'avoir jamais entendu. J'imagine que ça ne vous dira rien, sauf peut-être à mon père, et pour vous-autres qui ne chantez pas, c'est-à-dire, il me semble, tous, vous ne comprendriez probablement rien aux considérations techniques, donc je vous raconte pas.

En fait ça m'énerve, cette histoire de chant, parce que j'ai entrepris de découvrir quel niveau du Conservatoire Royal je pourrais présenter. Le Conservatoire Royal a douze niveaux d'examens : introductoire, 1 à 10, et Associé, filière enseignement ou concert. Au piano je préparais le 10ème niveau il y a dix ans, quand j'ai perdu mon piano dans le divorce. Au violon, je travaille sur le 4ème niveau. Dans les deux cas, c'est vraiment du travail, il faut que je m'applique pendant des mois pour avancer. Par contre ces deux arias, Rejoice Greatly et Hear Ye, Israel, sont au niveau Associé (Concert), c’est-à-dire, donc, le plus élevé. En général, seul les musiciens qui veulent faire carrière présentent cet examen. J'ai également obtenu d'autres pièces listées pour ce niveau, et toutes celles que j'ai essayées, je peux chanter, juste, et presque à la vitesse indiquée, du premier coup. Et en plus je suis une vraie soprano, pas une mezzo-soprano. Donc soit je chante très, très bien et je ne le savais pas, soit je chante hyper mal et je ne l'entends pas, ce qui serait nettement pire. Remarquez, comme il n'y a personne ici qui puisse reconnaitre la différence entre les deux, c'est pas trop grave, mais ça m'énerve quand-même de ne pas savoir.

Tout ça pour dire que le livre de Marafioti ne m'a pas appris grand-chose, sauf un truc pratique : le moyen le plus facile de sortir les notes élevées, c'est d'ouvrir très grand la bouche et de tirer la langue. Ça nuit un peu à l'élocution et ça ferait bizarre en concert, mais ça marche. Et aussi, grâce à un de ses exercices, je me suis rendu compte que je peux chanter une octave plus bas que je ne croyais, donc plus de trois octaves. C'est pas pire.


Cela dit, le chien me regarde d'un air accusateur, donc on dirait qu'il est temps d'aller se promener.

3 commentaires:

Abige Muscas a dit…

Alors par contre, je ne vois pas du tout, même en triturant le Burton dans tous les sens, comment tu peux lui faire dire qu'être sûr qu'on a raison PROUVE qu'on a tort... (mais que c'est pas la peine de discuter, ça, c'est sûr).

Mongoose a dit…

Comme j'ai dit, "plus exactement, vous êtes sûres, donc votre opinion ne compte pas, car c'est probablement juste un défaut du cerveau." Parfois on est sûr ET on a raison, mais c'est une coincidence.

Mongoose a dit…

Je dois ajouter que je ne me donne plus trop de mal à écrire des argumentaires intelligents ou même à peu près logiques. Vu que les gens soit ne les lisent pas, ne les comprennent pas, ou répondent complètement à côté, et que d'ailleurs je ne m'intéresse pas plus à leurs arguments qu'eux aux miens, c'est pas la peine de s'énerver. Je m'entraine pour être politicien...