jeudi 17 novembre 2011

Le défi de la mouche du coche

Livre n°101 : Churchill : a biography, Roy Jenkins, 2001.

Bon, d'abord, parlons de Roy Jenkins. C'est un politicien britannique, 40 ans plus jeune que Churchill. Il a été élu pour la première fois en 1948 et a donc travaillé sous Churchill. Il est l'auteur de 18 livres sur des sujets politiques, dont une biographie de Gladstone qui a gagné le Prix Whitbread (dont je n'ai jamais entendu parler) en 1997. Donc, faut croire qu'il s'y connait un peu. Les extraits de revues sur le dos de la jaquette sont très flatteurs, par exemple :

« Un ouvrage d'histoire de première classe et très bien documenté, et un chef-d'œuvre de biographie. ... La plus grande histoire de politique britannique du vingtième siècle est présentée d'une façon plus élégante, attachante et toujours équitable que jamais auparavant. De toutes les nombreuses biographies de Winston Churchill qui ont été écrites, celle-ci est la meilleure. » (Andrew Roberts, The Sunday Telegraph, London)

Bon. Donc tout ça pour vous dire qu'on peut probablement se fier à lui. En effet, il écrit bien, encore que dans un style de politicien britannique, c’est-à-dire qu'il croit dur comme fer que la politique britannique change le monde, et d'un autre côté, il aime l'ironie, les bons mots, et surtout les mots rares. J'ai dû me servir du dictionnaire quatre fois, ce qui est remarquable car je connais plus de mots que la plupart des anglophones, et certainement plus que mon dictionnaire. Et comme Simon Winchester, il se sert encore du terme « juiverie internationale » (deux fois, même), alors qu'ici au Canada, c'est passé de mode il y a longtemps. Et un autre truc qui ne se fait plus beaucoup, c'est qu'il ne sépare pas les infinitifs, un point de grammaire anglaise qui ne vous intéresse probablement pas. En plus le livre est bien corrigé, il y a très peu de fautes de frappe ; mais une fois de plus, il y manque des virgules.

Sachant donc que Jenkins est très fort, et qu'en plus il adulait Churchill (moins que Gladstone, quand même), on s'attend donc à apprendre que Churchill était un gars bien et un héros.

Bin non.

Ça commence très mal quand la sixième phrase du livre nous apprend que Churchill, loin d'être un grand propriétaire terrien, « n'a jamais possédé que les 300 acres autour de Chartwell. » Oh, pauvre petit, c'est dur ta vie ! D'accord, je m'attendais à le haïr, mais quand-même pas à la sixième phrase. Et en page 24, on nous dit que « les qualités de Churchill... qui suffisaient pour en faire un très grand homme... étaient la confiance en soi et le narcissisme. » (Dans le texte c'est « self-centredness », j'ai du mal à le traduire.) A mon avis ça c'est surtout les qualités qui font un psychopathe et un dictateur, mais en fin de compte ça ne contredit pas forcément Jenkins, car les « très grands hommes » sont presque tous des psychopathes, il me semble.

A part ça, dans le premier chapitre, on apprend que ses parents le négligeaient. Pis à mon avis il souffrait du syndrome d'alcoolisation fœtale et de tendances psychopathiques ; mais comme chacun sait, les psychopathes nés dans des familles pauvres deviennent des criminels violents (genre Mao), les psychopathes nés dans des familles riches travaillent dans la finance. Sauf Churchill, qui lui n'a jamais travaillé de sa vie. Il a commencé par faire l'armée, parce que c'est ce que faisaient les fils de bonnes familles qui ne voulaient pas faire d'études. Dans l'armée il a beaucoup joué au polo et pas trop au soldat. Pis après il s'est fait élire, et le reste de sa vie il n'a fait que de la politique, sauf que comme il adorait les guerres, il aimait prétendre que l'armée c'était sa carrière et qu'il s'y connaissait donc au métier de soldat.

Oui mais lui, nous dit Jenkins, c'était un politicien héroïque. Hein ? C'est un oxymore, ça. Même Che Guevara était un « guerrier héroïque », pas un politicien. Alors il a fait quoi d'héroïque, Churchill ? Bin premièrement il a changé de parti une douzaine de fois, car il n'avait aucune loyauté envers les gens et les idées. La seule chose qui l'intéressait c'était son avancement, donc il allait toujours là où il trouvait un vent arrière. Mais en général, il était pour tout ce qui était réac et impérialiste, et contre ce qui était socialiste. (Cela dit, il a de temps à autre servi la cause des travailleurs. Parce qu'à force de poursuivre n'importe quelle idée, il risquait bien d'avoir raison de temps à autre.) Alors Jenkins nous dit toujours « oui mais en 1940-41, il a été héroïque. »

Bon d'accord, mais en attendant 1940, Churchill était surtout un croisement entre la mouche du coche et le Roi Dagobert. (Par la suite il y a avait en plus une bonne dose de Mao.) En 1914, comme on a vu dans Castles of Steel, il a écœuré tout le monde à l'Amirauté avec ses idées nulles, entre autres les Dardanelles. Mais, nous dit Jenkins, il était très héroïque, parce qu'il allait tout le temps en France pour rencontrer l'état-major français près du front. Sauf que un, ça ne servait à rien qu'à leur taper sur les nerfs, et deux, il y a une différence entre « courage » et « recklessness » (imprudence, témérité, mais en anglais ça rend mieux), le dernier étant un trait commun des psychopathes et de l'alcoolisation fœtale. Quand il s'est enfin fait virer de l'Amirauté, il est parti pour le front, d'où il a continué à écœurer le gouvernement en réclamant d'être promu. On lui a donné le grade de colonel, qu'il ne méritait pas, et il en a été mécontent car il voulait être au moins général de brigade. Il est resté cinq mois avec l'armée et a apparemment passé le plus clair de son temps soit en permission à Londres, soit à écrire à sa femme de lui envoyer à manger. Genre : « une fois par semaine ... des sardines, du chocolat, des conserves de viande ... deux bouteilles de mon vieux brandy et une bouteille de brandy de pêche... du corned beef; du fromage stilton; de la crème; des jambons; des fruits secs... essaye une tourte au bœuf ... mais pas des conserves de perdrix. » Donc en guerre comme en temps de paix, il ne se privait de rien, d'où le résultat inévitable qu'il était toujours dans le trouble financièrement.

Enfin il en a vite eu marre de la guerre et comme il obtenait toujours tout ce qu'il voulait à force de faire chier tout le monde, il s'est fait libérer de l'armée sans aucune raison, et est rentré à Londres, où il a réclamé à tue-tête un comité pour le disculper du désastre des Dardanelles. Parce que selon Jenkins, les Dardanelles c'était une idée géniale qui a été sabordée par la nullité des commandants sur place. Pis non seulement il a fallu que le gouvernement perde son temps à faire ce comité, mais Churchill a insisté pour faire publier les résultats de leur enquête, dont des documents secrets, alors que bon, c'était quand même toujours la guerre. Donc jusque-là, on voit très mal où est l'héroïsme.

Après la guerre, c'était pareil, il dépensait beaucoup et agaçait tout le monde, mais comme il n'était plus ministre, il gagnait de l'argent en écrivant. Ça lui convenait bien, puisqu'il ne s'intéressait jamais qu'à ce que lui avait à dire. Que ce soit des conversations sociales ou des discours à la Chambre, il n'écoutait jamais ce que disaient les autres, sauf à l'occasion s'ils parlaient de lui. Encore dans la vie privée on s'en moque assez, mais dans la Chambre, il faisait ses discours et puis il partait sans écouter les réponses. Quel sale type...

Là où l'héroïsme et le génie se manifestent, selon Jenkins, c'est d'abord que Churchill a toujours détesté Hitler, et que c'est super rusé de sa part de s'en être méfié dès le début. Sauf qu'une des raisons très héroïques, c'est que Hitler avait refusé de rencontrer Churchill quand il (Churchill) était en vacances en Bavière, et une autre, c'est que Churchill voulait être dictateur et ça l'écœurait qu'un autre y réussisse mieux que lui. Pis comme j'ai déjà dit, on peut pas avoir toujours tort; mais d'avoir détesté Hitler dès l'abord c'est pas vraiment un coup de génie.

1939, le Royaume Uni entre en guerre, et il se trouve que personne ne veut être Premier Ministre, alors le roi nomme Churchill. Pourquoi Churchill ? Bin parce que c'est le seul qui soit bien content qu'il y ait une guerre, pis comme il est toujours aussi insupportable, il empêche tout le monde de travailler, donc personne ne veut être responsable d'un gouvernement en temps de guerre s'il leur faudra travailler malgré Churchill. A part Churchill lui-même, tout le monde a été assez mécontent qu'il ait été nommé, mais il n'y avait pas d'autre solution. Alors là j'attends toujours l'héroïsme qu'on nous promet depuis 550 pages. Donc l'héroïsme de Churchill, c'était premièrement, de faire des discours, deuxièmement, de monter sur les toits pour regarder les bombardements aériens, vu qu'il adorait ça, et troisièmement, qu'après l'armistice français, l'Angleterre était seule à résister à l'envahisseur. Pis d'avoir insisté pour que les français se battent pour Paris, ça parait peut-être très héroïque pour quelqu'un qui n'avait rien à y perdre, mais moi je trouve que c'est bien plus rusé d'avoir livré Paris au lieu de la faire détruire.

Bon, pour les discours, c'est sûr qu'il faisait ça bien, mais faut pas croire que les discours gagnent les guerres. Pis d'ailleurs Hitler aussi faisait très bien les discours. Il se trouve que la psychopathie se prête très bien aux discours, et comme chacun sait, c'est pas le contenu du discours qui importe, c'est la forme qui excite l'audience. Donc bon, faire des discours efficaces en temps de guerre, c'est peut-être plus utile qu'en temps de paix, mais c'est toujours pas héroïque. Il aurait dû être ministre de la propagande, il aurait bien fait ça, alors que Premier Ministre, il assurait mal. Oui, l'Angleterre a résisté seule à l'envahisseur en 1940-41, mais c'était plus grâce à Hitler qu'aux discours de Churchill. D'un côté, il n'y avait pas l'occasion de se rendre ou de se faire écraser, puisque les allemands n'ont pas traversé la Manche ; et d'un autre côté, on ne pouvait pas non plus arrêter de résister, puisque les bombardements aériens continuaient. Donc on voit très mal en quoi Churchill aurait influencé le cours de la guerre à cette époque. Ni après, d'ailleurs. Il a passé la plupart de son temps à voyager de ci de là pour rencontrer Roosevelt et Staline, ce qui ne servait à rien d'un point de vue militaire, mais permettait à Churchill de prendre des vacances luxueuses aux frais du contribuable et de ne pas faire sa job. Par exemple, se rendant à Québec sur le Queen Mary en 1944, il était déprimé parce qu'il faisait trop chaud, mais il a néanmoins réussi à manger en un seul repas « des huitres, du consommé, un turbot, de la dinde rôtie, de la glace avec du melon, du fromage stilton et une grande variété de fruits, petits-fours etc, le tout arrosé de champagne (Mumm 1929) et un Liebfraumilch très remarquable, suivi d'un brandy de 1870. » Ouah, c'est vachement héroïque, pendant que les citoyens n'ont pas de quoi se chauffer ! (Néanmoins, il s'opposait héroïquement aux fronts peu actifs où « de grands nombres d'officiers s'installaient dans une inutilité confortable. »)

Jenkins apparemment trouve que c'était très héroïque de la part de Churchill de tant voyager alors que c'était fatiguant et dangereux et qu'il n'était déjà pas trop jeune. Moi je ne trouve pas. En plus comme je disais, ça ne servait à rien d'un point de vue militaire. Les Etats sont entrés en guerre à cause du Japon, et l'URSS à cause des allemands. L'opération Overlord est partie de l'Angleterre, soit, mais sous en général américain, et contre les vœux de Churchill qui était opposé à Overlord et voulait plutôt conquérir la Norvège et Sumatra. En 1941-42 il a héroïquement envoyé des blindés pour renforcer les divisions britanniques au Moyen-Orient, ce qui a été utile par la suite, mais bon, c'est toujours pas ça qui a gagné la guerre, et comme j'ai déjà dit, on ne peut pas toujours avoir tort. A part ça, il a héroïquement clamé haut et fort que le « droit des peuples à l'auto-détermination » ne s'appliquait certainement pas aux peuples qui se trouvaient sous la botte britannique ; il a héroïquement proposé les pourcentages à Staline, qui s'y est tenu ; il a héroïquement résisté à la création du deuxième front avant 1944, ce qui a évité beaucoup de pertes alliées, certes, mais ce que Jenkins oublie, c'est que ça a causé beaucoup de pertes soviétiques et en plus a failli aux obligations des anglo-américains envers les soviétiques; il a héroïquement abandonné les polonais à leur sort ; et il a héroïquement ordonné les bombardements intensifs, dont la destruction de Dresde.

A part de voyager, de se goinfrer, et d'être héroïque, il n'en foutait pas une. Entre autre, il ne gouvernait pas. La seule chose qui l'intéressait dans le gouvernement c'était le Conseil de Guerre, mais encore, seulement ce que lui avait à dire. Le Conseil travaillait dur, préparait des rapports détaillés, Churchill se pointait sans les avoir lus ou même s'être fait briefer par un secrétaire (dont il avait un grand nombre), puis il parlait d'autre chose pendant des heures, et prenait une décision sur les conseils de Bracken et Beaverbrook, ses deux lèches-bottes préférés, qui n'avaient ni l'expertise ni l'autorité constitutionnelle pour participer à ces décisions.

Donc, on comprend assez mal pourquoi par la suite Jenkins l'appelle « l'architecte de la victoire, » mais comme a dit Churchill lui-même, « l'histoire me donnera raison, puisque c'est moi qui vais l'écrire. » Et en effet, il a écrit encore un autre énorme mémoire de guerre. Sauf qu'il n'écrivait pas trop ses livres lui-même, alors que ses discours, si. Les politiciens normaux font plutôt l'inverse, ils écrivent leurs propres livres et font préparer leurs discours par des assistants qui ont le temps de se renseigner de façon à ne pas dire n'importe quoi. D'autre part c'est marrant de voir Jenkins essayer d'expliquer des comportements qui n'ont aucun sens tout en conservant l'image d'un homme bon et héroïque. Le meilleur exemple c'est que Churchill ne s'est pas donné la peine d'aller aux obsèques de Roosevelt, alors qu'il s'était incrusté chez les Roosevelt très souvent et qu'on croyait qu'ils étaient meilleurs amis depuis toujours. C'est sûr que par rapport aux gens normaux, c'est bizarre, mais pour un psychopathe, ce n'est pas du tout surprenant. Le psychopathe ne s'intéresse aux gens que dans la mesure où ils lui sont utiles. Les morts ne sont pas très serviables, Churchill n'en a donc rien à faire. Un autre signe c'est que « Churchill appelait rarement les gens (par aucun nom). Souvent il ne pouvait pas se rappeler leurs noms. » Ouais, ouais, très grand homme, en effet.

Après la guerre, le parti de Churchill s'est fait écraser, mais alors que le chef de parti normal, dans ces circonstances, démissionne tout de suite, Churchill a d'abord pensé qu'il resterait néanmoins Premier Ministre, et quand ça n'a pas été possible, il a héroïquement continué comme chef de l'opposition. Il a donc réussi à redevenir Premier Ministre dans les années 50, un peu grâce au système électoral britannique qui est très semblable au nôtre (canadien, j'entends) et donc très peu démocratique, et beaucoup grâce à la politesse britannique, qui faisait que personne n'osait lui dire d'aller se faire voir ailleurs. Son deuxième gouvernement, selon Jenkins, a été bien réussi, ce qui n'a rien à voir avec Churchill puisqu'il en faisait encore moins qu'avant, bien que s'étant nommé Ministre de la Défense en plus de Premier Ministre. Pendant cette période, sa principale occupation c'était de trouver des excuses pour ne pas démissionner malgré son âge avancé et son gâtisme de plus en plus prononcé (surtout après un accident vasculaire cérébral grave en 1953). Il trouvait donc toujours une crise de Guerre Froide qui ne pouvait être résolue que par lui, créant donc l'impression que si la Guerre Froide n'a pas plus mal tourné, c'est entièrement grâce à lui – alors qu'en fait il a beaucoup fait pour causer la Guerre Froide, et on voit très mal ce qu'il a fait qui aurait pu contribuer à la détente. Il a donc fallu que tout son entourage, et surtout Anthony Eden, le pousse pendant des années pour qu'il consente enfin à démissionner comme Premier Ministre, sans toutefois prendre sa retraite ; au grand dam des électeurs de sa circonscription, il a continué à se présenter jusqu'à sa mort à l'âge de 90 ans, et le parti l'a laissé faire bien qu'il n'ait pas dit un mot à la Chambre pendant ses neuf dernières années comme député.

Dans tout ça, il a également gagné le Prix Nobel en littérature en 1953, mais bon, Barack Obama a eu le prix de la Paix, donc ça veut pas forcément dire qu'il était très fort. Churchill aurait lui-même préféré le prix de la Paix, mais il a gracieusement envoyé sa femme à Stockholm chercher son chèque, avec ces mots héroïques : « £ 12.100 hors taxe, c'est pas pire ! » Cela dit, ses mémoires de la deuxième guerre ont gagné beaucoup d'argent qui a été déposé dans un trust, ce qui est également très héroïque mais surtout un bon moyen d'échapper aux impôts. Parce que c'est pas la peine de vivre aux frais du contribuable si le contribuable, c'est toi.

En conclusion, Jenkins nous dit que Churchill était en effet insupportable, égoïste et sybarite, mais surtout un homme politique « larger than life ». Ça c'est difficile à traduire parce que c'est un mot vide, ça ne veut rien dire, sauf peut-être insupportable, égoïste et sybarite – mais ça se veut mélioratif au lieu de péjoratif.


Bon. Donc cette année j'ai lu cinq biographies: Staline, Ivan le Terrible, Mao Zedong, Gandhi, et Churchill. J'aurais cru que Staline, vu la réputation qu'on lui fait, serait le pire de tous, mais en fait non, c'est le seul des cinq qui soit un peu sympathique et qui n'ait pas de tendances psychopathiques évidentes. D'ailleurs Service l'a bien dit lui-même, il s'attendait à trouver des signes faciles de maladie mentale, ou d'une enfance pathogénique, bin non. Staline c'était plus ou moins un gars normal, né d'une famille pauvre et troublée dans un coin pauvre de la future URSS, qui s'est retrouvé au pouvoir parce que justement, les autres n'avaient pas peur de lui. Gandhi, comme je l'ai déjà dit, a eu l'avantage énorme d'une famille riche et très aimante, mais s'il avait été élevé par le père de Staline, il aurait très mal tourné. Mais entre les cinq, les deux qui se ressemblent le plus c'est Churchill et Mao. Donc ce que ça prouve surtout, c'est que le pouvoir attire les psychopathes comme la merde attire les mouches, et la seule protection c'est une Constitution ferme qui sépare les pouvoirs, et surtout le pouvoir exécutif du pouvoir militaire.

Pis la deuxième morale de cette histoire, c'est que maintenant je vais lire des biographies de gens qui sont morts jeunes, à commencer par Che Guevara, parce que les vieillards qui s'accrochent au pouvoir jusqu'à la mort, j'en ai ma claque. Mais comme je viens de passer huit semaines sur Gandhi et cinq semaines sur Churchill aux dépens de mon violon et autres passe-temps, je déclare l'Avent comme trêve de lectures politiques. Donc, plus de biographies jusqu'à 2012.


A part ça, comme je pouvais pas supporter Churchill non-stop pendant cinq semaines, j'ai aussi lu pour me détendre :

Livres n°85 à 90 : les lettres aux Ephésiens, Philippiens, Colossiens, 1 et 2 Thessaloniciens, et l'Apocalypse. Bon, je dois dire qu'à la longue, Paul me court sur l'aorte, pis il écrivait un peu la même chose à tout le monde. L'Apocalypse, par contre, c'est sympa, je le recommande. Et le plus important c'est que ceci conclut ma lecture du Nouveau Testament. Par contre il me reste encore 71% de l'Ancien, dont le Pentateuque et tous les livres historiques, alors ça va être une grosse galère. J'aurais pas dû commencer par les livres les plus sympas.


Livre n°91 : Challenging the myths of autism, Jonathan Alderson, 2011.
Ça je l'ai lu parce qu'entre autres clients de navette pour handicapés, j'ai deux petits garçons de huit ans autistes, donc je voulais me renseigner un peu. Bin c'est génial, ce livre, je suis tout à fait d'accord avec lui. Si vous avez des autistes dans votre cercle, je le recommande énormément.


Livre n°92 : Without conscience : the disturbing world of the psychopaths among us, Robert D. Hare, 1993.
Bin oui, parce que c'est bien beau de dire que tout le monde est un sale psychopathe sauf moi et Staline, mais encore faudrait-il se renseigner un peu sur la nature et fonction de la psychopathie. Alors Robert Hare c'est un des expert les plus respectés sur le sujet, ayant entre autres créé le test clinique pour le diagnostic de la psychopathie. Comme les psychopathes ne sont pas « fous » au sens psychiatrique ou légal, et comme ils se sentent très sains d'esprit et supérieurs à la moyenne, il y a rarement l'occasion de diagnostiquer un psychopathe sauf dans les prisons ; mais la plupart des psychopathes sont ce que Hare appelle « subcriminal » et échappent donc aux systèmes pénal et psychiatrique. On estime que 3 à 4% des gens sont des psychopathes, ce qui donne un sens plus inquiétant au bon mot selon lequel « la majorité des gens sont cons ; la minorité aussi, mais ils sont moins nombreux. » Cet ouvrage de vulgarisation nous donne donc une idée générale de comment reconnaître un psychopathe et comment s'en protéger. Si vous avez connu des psychopathes, vous reconnaitrez tout de suite les comportements décrits par Hare ; et si vous avez la chance de ne pas en avoir connu, ou la malchance de ne pas vous apercevoir quand il y a quelque chose qui cloche sérieusement, je vous recommande de lire ce livre avant que l'un d'eux ne vous prenne au piège.

Cela dit, le truc le plus triste dans ce livre c'est quand Hare décrit la victime préférée du psychopathe... et c'est moi. Mer-deuh ! Bin ça explique beaucoup de choses, remarquez...


Livres n°93 à 99 : The Mole Sisters and the way home ; The Mole Sisters and the cool breeze ; The Mole Sisters and the wavy wheat ; The Mole Sisters and the blue egg ; The Mole Sisters and the rainy day ; The Mole Sisters and the question ; The Mole Sisters and the busy bees, Roslyn Schwartz.
Ça aussi c'est pour l'ouvrage, parce qu'un de mes petits autistes adore les Sœurs Taupes, alors j'ai voulu me renseigner. Aaaaaaaaaaah... Bin ça détend, les taupes. C'est bien mieux que Churchill, en tout cas. Je le recommande.


Livre n°100 : Into thin air, Jon Krakauer, 1997.
Le 10 mai 1996, une tempête a surpris 18 alpinistes sur le sommet de l'Everest. Forcés de passer la nuit sur la montagne sans abri et sans oxygène, à plus de 8500 m d'altitude, cinq sont morts, dont trois guides. Par hasard, il y avait également ce jour-là un journaliste au sommet : Jon Krakauer. Il y avait également au Camp de Base une équipe qui filmait un documentaire pour IMAX, lequel j'avais vu quand il est sorti. Donc Krakauer, étant journaliste, a écrit un livre sur le drame, et je l'ai trouvé dans l'Echange de Livres de la bibliothèque, et donc je l'ai lu.

Bon. Euh... Bon. Alors si vous n'avez pas envie d'escalader l'Everest, je pense que ça ne vous intéressera pas trop, et si vous en avez envie, vous avez déjà lu plein de livres de ce genre, genre Frison-Roche, Herzog, Cherry-Garrard, etc. Donc vous savez déjà pourquoi c'est tellement infernal, et la question que vous vous posez, c'est « et moi, comment je me serais comporté ? » Let the reader understand.


Voilà. Il y a encore six semaines de ce défi. Comme je l'ai déjà dit, c'est un peu plate, puisque ça n'a pas suscité de discussion ; mais comme j'ai passé toute l'année chez moi à ne rien faire, c'est une façon comme une autre de passer le temps. Je vais peut-être le refaire l'année prochaine, pas comme « défi » mais pour continuer à passer le temps. Soit je serai encore chez moi à ne rien faire, ce qui est bon signe socialement sinon professionnellement et financièrement, soit je repartirai sur les chantiers au printemps et je n'aurai plus le temps de lire. Chaque résultat a ses avantages et ses inconvénients. Mais quant au reste de 2011, je pense que je vais plus me concentrer sur ma musique et moins sur les livres.

1 commentaire:

Abige Muscas a dit…

Moi j'ai lu Moumine le Troll et le Chapeau du Sorcier, et on a tous adoré. Je ne me souvenais pas que c'était si chouette.

J'ai relu aussi la Nouvelle Héloïse, parce que je suis fripée par l'approche de l'hiver et que dans ces cas là, j'aime lire des livres dont je suis sûre que je les aimerais, puisque je les ai déjà lus.