samedi 26 mai 2012

Le défi de l'Economiste

En février, j'ai décidé de prendre un abonnement d'essai à The Economist. Il me fallait une source de nouvelles plus fiable et plus mondiale que la CBC, l'agence nationale d'information. La CBC et sa version française, Radio-Canada, sont une crown corporation. En français ça donnerait quelque chose comme « société appartenant à la couronne », donc à la reine, donc à l'Etat. Elle(s) possède au moins trois chaînes de radio en anglais et une en français, une chaîne de télé dans chaque langue, et bien sûr un site web pour chacune, où on peut en plus écouter la radio par l'internet. Ouah, génial ! Ouais, c'est bien, parce que vous-autres, par exemple, vous pourriez écouter en France les mêmes nouvelles que j'écoute, ou en fait que je n'écoute pas, chez moi. Parce que chez moi, dans mon appartement, il n'y a ni télé ni internet, et la chaîne hifi antique ( circa A.D. 1993 ) que je traîne encore avec moi est au fond du placard aux balais. Alors ce que je fais pour les nouvelles, c'est que dans la journée, entre deux clients, je vais à la bibliothèque, et je me sers de leur wifi pour consulter le site web de la CBC et télécharger les titres qui me paraissent intéressant, que je lis ensuite le soir chez moi. Et pendant que j'y suis ( à la bibliothèque, j'entends ), je consulte aussi les journaux hebdomadaires, local et territorial, parce qu'ils coûtent un dollar chacun et ça me gonfle de dépenser ma bonne argent pour ça pis d'avoir à les entreposer après jusqu'à ce que je puisse les recycler.

Bon.

L'ennui c'est que la CBC, c'est pas top pour les nouvelles. Parfois il y en a des vraies, genre... ça m'échappe en ce moment. Ah, si, exemple de cette semaine : le président intérimaire du Mali est dans le coma à l'hôpital après avoir été tabassé par une foule de mécontents. Bon. Ça, ça m'intéresse. L'ennui c'est que pour une nouvelle intéressante, il y en a quarante du genre « le Prince Untel et sa femme ont un nouveau chien, son nom n'a pas été dévoilé. » ( C'est marrant quand-même, je n'arrive jamais à me rappeler son nom. Le frère du Prince Harry. ) Il me fallait donc une source plus sérieuse. Hors, en février, c'est la saison des dépenses excessives puisque je reçois mon remboursement d'impôts, et de plus je lisais de nouveau Chomsky, qui semble recommander The Economist. Enfin pas exactement, car Chomsky ne recommande jamais un organe médiatique établi, bien sûr, ce sont tous des pions des Illuminati, mais il donne l'impression d'avoir un certain respect pour la qualité de ce journal. De plus, The Economist offre un abonnement d'essai gratuit sans risque de quatre semaines. Sitôt dit, sitôt fait : je m'abonne gratuitement sans risque. C'est censé prendre deux semaines de recevoir son premier numéro, mais bien sûr tout prend plus longtemps à venir ici, donc je l'ai reçu après quatre semaines.

Ouah c'est trop génial dément incroyable !!!!!

Je me suis abonnée pour de vrai avant même d'avoir fini mon premier numéro d'essai gratuit sans risque. Parce que The Economist, c'est vraiment top bien. C'est vrai, comme Chomsky nous met en garde, que c'est un pion des Illuminati, alors c'est un peu surréel parfois. On se demande un peu, sont-ils littéralement à la solde du système pentagoniste, ou est-ce simplement qu'ils y croient dur comme fer sans se poser de questions ? D'un autre côté ce n'est pas trop grave, car un homme averti en vaut deux ; je traduis donc tout ce que je lis en Chomskisme, et tout va bien.

Un des trucs sympa, dans The Economist, c'est les pubs complètement démentes, par exemple celle-ci :


Le sous-titre dit « un seul voyage peut changer toute une vie – Cambodge 2010 » et « suivez Angelina Jolie sur louisvuitton.com ».

Hein ? Sérieusement, t'es allée te faire photographier avec un sac Louis Vuitton au Cambodge ? Incroyable. Je crois que le slogan ça devait être au départ « Louis Vuitton: fuck the Third World », mais ils l'ont changé à la dernière minute. Incroyable, ce truc.

Celle-ci est encore plus délirante :


« Tu travailles pour le meilleur cabinet de compta en ville, avec les meubles de bureaux les plus chers, que tu dors dessus depuis six semaines. Va te bourrer la gueule à la vodka ! » Parce que hein, rentrer chez toi voir ton chat, c'est trop bourgeois.

Bon. Enfin ils ne se cachent pas d'opprimer les pauvres pour enrichir les riches. Au moins c'est honnête. Par exemple, nous autres, dans The Economist, on nous appelle « the rich world. » Y'a le Tiers Monde, pis le monde riche. Pourquoi s'en cacher, puisque tout le monde le sait ? C'est aussi le seul journal que j'aie jamais lu où on appelle le public « des étrangers malodorants » ("malodorous strangers"). C'est anti-pauvres, anti-travailleurs, anti-paix dans le monde, et pourtant, c'est vachement top bien génial dément j'adore. Le lendemain d'avoir reçu mon premier numéro, j'ai dû aller m'acheter un calepin pour prendre des notes de ce que je dois rechercher pour comprendre ce que je lis, parce que j'y comprends pas tout. Et quand je ne comprends pas tout, ça veut dire que je m'instruis, et c'est bien le but du jeu. Alors je suis super contente de mon achat.

D'un autre côté, ça pose parfois des problèmes. Premièrement, comme je vis dans un bled paumé à mille miles de tout grand centre postal, je reçois mon journal au mieux onze jours après la date de parution. Comme en plus il est rédigé en vrai anglais d'Angleterre, ça fait très colonial. Je pense bientôt m'acheter un sola topi. En plus les reporters parlent d'eux-mêmes à la troisième personne. « Votre correspondant a été arrêté à la frontière du Tchad. » Génial ! C'est presque le Petit XXème ! Dans l'avenir, quand j'écris mes blogs, je vais faire pareil. « Votre correspondant en a marre des villageois ahuris qui savent pas conduire. »

Deuxièmement, et c'est bien pire, parfois, il prend plus de onze jours. Par exemple, cette semaine, lundi était férié, en l'honneur de l'anniversaire de la Reine Victoria. Bon, d'accord, ça n'a aucun sens, mais c'est comme ça, le troisième lundi de mai, chez nous, c'est l'anniversaire de la Reine Victoria. Parce qu'ici tous les jours fériés sont le lundi ou le vendredi, sinon les travailleurs risqueraient d'avoir des idées folles comme de faire le pont. Faut pas exagérer, quand-même, on leur donne déjà dix jours fériés payés par an, et certains peuvent même se permettre deux semaines de vacances de temps à autre, alors ils abusent déjà assez de la patience des capitalistes, ces maudits caves de travailleurs. Bon, donc les jours fériés sont les lundis et vendredis, sauf le 11 novembre ( là où il est férié, c’est-à-dire une minorité des provinces ), Noël et le Jour de l'An. Mais pour le 11 novembre, la plupart des employeurs soit l'ignorent complètement ( moyennant finances, quand-même, c'est la loi ), soit l'échangent avec le vendredi ou le lundi. Et Noël, comme on s'en moque de qui c'est censé être l'anniversaire, il y a de plus en plus de monde qui veut le reporter au dernier lundi de décembre. Le Jour de l'An, par contre, ça emmerde un peu tout le monde. Moi je dis qu'on devrait simplement remettre la semaine à zéro tous les 1er janviers. Ça serait toujours le lundi 1er janvier, un point, c'est tout. Mais bon, je digresse.

Bon, donc, lundi, anniversaire de la Reine Victoria. Alors je me doutais bien que mon Economist serait en retard. Comme prévu, donc, mardi, pas de journal. Mercredi, pas de journal. Hein ? Bon, d'accord, ça arrive qu'il ait un jour de retard, mais là ça me gonfle, parce que ça fait depuis jeudi dernier que je n'ai pas lu d'Economiste, alors je suis en manque, je sens que mon cerveau commence à rétrécir. D'accord, d'accord, bon, on se calme, y a pas urgence, il arrivera demain pour sûr, on patiente un peu. Je vais me coucher avec un mal de tête dément, que j'attribue au fait que mon cerveau a probablement assez rétrécit pour commencer à se décoller de l'intérieur de mon crâne. Je me lève jeudi, pleine d'enthousiasme ( euh, bon, j'enjolive un peu ). Huit heures : pas encore de courrier. Jusqu'à récemment, le facteur venait vers 6 h, mais maintenant, ça les fait ièche, apparemment. Donc, 8 h, pas de courrier. 9 h, pas de courrier. 10 h, toujours pas de courrier. Oh la la, ça commence à me courir, cette affaire. Finalement au déjeuner, je trouve quelque chose dans ma boîte aux lettres. Ouais giga la joie oh... MER-DEUH ! C'est pas mon Economiste, ça, c'est que des tracts pour des supermarchés à huit heures de route d'icitte, comme toujours. Crisse de tabarnaque de putain de bordel de pigeon ! Je veux mon Economiste ! Et vendredi, on n'a pas eu de courrier du tout. Alors là je suis de sacrément mauvaise humeur.

Que faire ? Le manque de café, c'est une chose, je peux toujours aller m'acheter un café. Ou même en faire un chez moi. Mais trouver un Economiste dans ce patelin, ça, faudrait se lever matin. D'abord, chez nous, il n'y a pas de kiosque à journaux. On peut les acheter soit à la pharmacie, soit à la station d'essence, mais bien sûr ni l'un ni l'autre ne l'ont. La bibliothèque n'y est pas abonnée. Je pourrais demander sur Facebook si quelqu'un l'a, mais ça m'étonnerait. Misère ! Et au contraire du café, l'Economiste n'a pas d'ersatz. J'ai essayé de lire un Maclean's. Maclean's se veut être LE journal hebdomadaire du Canada, mais bon, ça craint. Ils ont des « nouvelles » du monde, mais ils ne comprennent pas la différence entre « nouvelle » et « fait divers. » Par exemple, on m'apprend qu'un chauffeur de taxi polonais c'est rendu chez le dentiste, mais bêtement, il a choisi comme dentiste son ex qu'il venait de plaquer pour une autre, alors elle l'a anesthésié et lui a arraché toutes les dents. Euh... A part le côté « 1944 » très glauque, je vois mal pourquoi on me le dit. Pense-t-on me faire croire que si les dentistes polonais sont si méchants, leurs plombiers sont probablement tous des psychopathes ? Non, ça parait peu probable, car au Canada les gens n'ont jamais entendu parler du Plombier Polonais. Sauf dans l'Economiste, justement. Parce que l'Economiste, étant un journal international et au courant, fait des blagues sur le Plombier Polonais de temps à autre.

En plus, Maclean's fait du mauvais esprit sur tous les partis. Ça c'est nul. Ici, au Canada, les gens s'imaginent que les médias doivent être impartiaux, et encore plus bizarrement, ils croient même qu'ils le sont. Donc, alors qu'un journal normal soutient un côté ou un autre, Maclean's se moque impartialement de tous les députés qui osent s'exprimer au Parlement. Et l'humour politique canadien, euh, bon, sans vouloir être méchante, je dois dire que ça craint à mort. Alors bon, l'Economiste, ça me prend entre 4 et 8 jours de le lire ; Maclean's, une petite demi-heure, et encore, j'aurais pu m'occuper plus intelligemment pendant ce temps-là.

Bon, pas de panique, comme abonnée, je peux télécharger mon Economiste sur mon iPhone, iPad, Kindle, Nook, ou autre lecteur électronique. Sauf que j'en ai pas, et j'espère bien ne jamais en avoir. Moi, j'aime les livres en papier. Tant pis, je vais télécharger le podcast et l'écouter. Ça ne me tente pas trop, car c'est un niveau de lecture élevé, j'aurai du mal à le suivre en audio, mais bon, faute de grive, hein. Mais encore, comment l'écouter ? Je n'ai pas de plateforme pour mon iPod à la maison, et mon véhicule d'ouvrage n'a pas de prise auxiliaire. J'ai essayé de le brûler sur disque, mais le podcast est trop gros pour un CD. Ah, fuck, j'en ai marre de ce truc !

En plus, le podcast, c'est le numéro du 19 mai, alors que moi j'attends encore celui du 12 mai. Alors si j'écoute le podcast, ça va me gâcher mon prochain numéro, et en plus il me manquera toujours une semaine de nouvelles. C'est atroce ! Il y a un trou dans le monde ! Je risque de rater un truc crucial sur le LIBOR. L'Economiste nous tiens constamment au courant des déboires du LIBOR, parce que ça c'est très très important. Il pourrait se passer toutes sortes d'aventures LIBOResques de la plus haute importance, et sans mon Economiste du 12 mai, je n'en saurai jamais rien. Ou Bo Xilai. Qu'a fait Bo Xilai la semaine du 12 mai ?

Alors attends, parlons un peu de Bo Xilai. Vous vous rappelez le livre excellent de Jonathan Fenby sur la Chine moderne, qu'il fallait ignorer à son péril ? Moi si. Et à force de lire des livres sur la Chine Moderne, c'est devenu mythique, comme Londres. Londres, il y a tellement de romans du 19ème siècle qui s'y passent que quand tu lis des vraies nouvelles de Londres, tu as toujours l'impression que c'est tout imaginaire. Comme si Dickens écrivait les nouvelles. La Chine moderne, pareil. Bo Xilai était le Chef du Parti de Chongqing. Ouah ! Chongqing ! Trop dément ! Ah oui, parce que si t'as lu Jonathan Fenby, tu sais que Chongqing, c'est la capitale de guerre de Chiang Kai-shek pendant l'occupation japonaise. Très très mythique. Et Bo Xilai, c'est le fils de Bo Yibo. Ouah ! Bo Yibo ! Trop mythique ! Je t'explique : Bo Yibo ( 1908-2007 ) était un économiste du Parti Communiste, ministre des finances, purgé pendant la Révolution Culturelle, pardonné après 15 ans de prison, et un des « Huit Immortels » du Parti. Bo Xilai, qui avait 16 ans quand son père a était purgé, a également été emprisonné. Alors de lire des histoires de Bo Xilai dans le journal, c'est génial. Comme si on nous racontait ce que deviennent les gosses de Tintin, ou les dernières mésaventures de la Marque Jaune. Si Bo Xilai avait un chien, je voudrais savoir son nom. C'est bien plus intéressant que le Prince Untel.

Donc tout ça pour vous dire que sans mon Economiste, je suis sans nouvelle du LIBOR et de Bo Xilai, et c'est atroce.

Bon. Et troisièmement, à force de passer tout mon temps à lire l'Economiste, j'ai moins le temps de lire des livres, et encore moins de temps pour écrire sur les livres que j'ai lus. Que faire ? Peut-être que je devrais compter chaque Economiste comme un livre. Après tout, c'est 106 pages par numéro, ça vaut autant qu'un livre. J'ai pensé vous résumer chaque numéro, comme « défi des livres », mais ça vous pomperait, j'imagine. Votre correspondant va peut-être se créer un nouveau blog pour parler de l'Economiste.

Alors puisque je n'ai pas d'Economiste cette semaine, j'ai enfin le temps de vous raconter quelques livres que j'ai lus.


Livre n°20 : Mastering Sketching: a complete course in 40 lessons, Judy Martin, 1991

Trop nul, ce truc. D'ailleurs les livres sur le dessin, c'est en général très nul, parce que ça ne donne aucune information utile. On t'explique la différence entre un crayon et un fusain, en long en large et en travers, et on te montre tout un tas d'exemples de dessins faits par les amis de l'auteur, mais on n'explique jamais comment, exactement, on peut utiliser le fusain pour réaliser le dessin. Donc, ayant lu ce livre nul des dessins ( assez nuls, dans l'ensemble ) des amis de l'auteur, je ne maîtrise toujours pas le dessin. Le dessin industriel, par contre, ça me connaît. Bon. Donc je ne recommande pas du tout.


Livre n°21 : Guitar for Everyone, Dick Weissman, 2010.

Les livres de guitare aussi, ça a tendance à être très nul. Celui-ci m'explique comment me couper les ongles pour avoir l'air d'un guitariste. Sauf que je trouve ça hideux, alors pas question. Ensuite on explique les différents modèles de guitares. Ensuite... Je me souviens pas, c'était nul et je n'apprenais rien. Mais bon, après beaucoup de pages de trucs qui ne m'intéressent pas, on en vient enfin à la musique. « Voici un accord de la. » Hein ? Tu me niaises, imbécile. Un accord de la, d'abord, ça n'existe pas. Il y a des accords de la mineur, la majeur, la septième diminué, il y a beaucoup d'accords avec des las, mais juste « un accord de la », ça n'existe pas.

C'est là le problème avec les livres de guitare, ils n'expliquent jamais la théorie musicale, alors que la guitare en a plus besoin que tous les autres instruments que je connais. Parce que ça joue en général l'accompagnement, donc il faut comprendre les clefs, les progressions d'accords, et comment créer les accords. Parce que bon, sur le piano, c'est facile. L'accord de la majeur, par exemple, c'est une tierce majeure et une tierce mineure, donc la, do dièse, mi. Tu fais tes arpèges et tes inversions, et voilà, tu connais l'accord de la majeur sur le piano. Sur la guitare, par contre, il faut trouver une note sur chaque corde qui appartienne à cet accord, et décider lesquelles utiliser, et avec quel doigt. L'accord de la majeur, ça pourrait être la deuxième frette sur les cordes de ré, sol et si, ou un barré de quatre cordes à la deuxième frette et la cinquième frette sur la corde de mi, ou ça pourrait être autre chose. Si tu l'écris sur une portée, c'est hideux et difficile à lire, donc ça ne se fait pas, mais si tu te contentes de l'apprendre par cœur, tu ne sais pas ce que tu fais. Et une fois que tu connais tes accords, il faut encore savoir les progressions. Dans la clef de la majeur, tu ferais un truc genre do dièse mineur – ré majeur – mi majeur – la majeur. C'est ça qu'il faut savoir. Mémoriser les doigtés de tel ou tel accord, c'est pas inutile, mais c'est très insuffisant.

Donc, je ne recommande pas ça non plus. Si vous voulez apprendre la guitare, lisez Pocket Music Theory par Keith Wyatt et Carl Schroeder, que j'avais recommandé l'année dernière.


Livre n°22 : How the World Works par Noam Chomsky interviewé par David Barsamian, édité par Arthur Naiman, 1986-2011.

Bon, ça, j'ai pas besoin de vous expliquer. Chomsky, c'est Chomsky. Soit vous connaissez, soit vous vivez sous un rocher sur Mars, politiquement parlant. C'est un anti-propagandiste Etats-Unien. Il explique comment le gouvernement des Etats te trompe depuis toujours et veut détruire le monde. Ledit gouvernement se sert de lui pour sa propagande : vous voyez, nous sommes tellement démocratiques que nous permettons un fou comme lui de s'exprimer. L'ennui, pour eux en tout cas, c'est que Chomsky n'est pas fou. Alors il nous donne les mêmes informations que l'Agitprop, sauf qu'il les interprète différemment. Par exemple, le gouvernement Etats-Unien bombarde un hôpital civil à Fallujah ; leur propagande, c'est qu'il y avait probablement des terroristes dedans ; Chomsky, lui, t'explique que c'est un crime de guerre, avec ou sans terroristes.

Donc, je recommande. Je recommande tout Chomsky, d'ailleurs. Sans ça, on est tous des pions des Illuminati.


Livre n°23 : Obedience to Authority, Stanley Milgram, 1974

Un livre mythique qui se passe d'introduction. Ah, tiens, non, il en a même plusieurs. L'introduction, puis la préface, puis la préface à la nouvelle édition, puis les remerciements, puis le premier chapitre qui introduit l'expérience en question. C'est lassant. Mais après toutes les introductions, ça devient très intéressant. Et en particulier, j'aime bien sa théorie que quand un parent donne un ordre à son gosse, il lui enseigne en fait deux choses : comment faire sa chambre, ou se brosser les dents, ou ne pas parler la bouche pleine, mais aussi et surtout, comment obéir aux ordres. Donc pour les parents modernes qui ne donnent pas d'ordres à leurs gosses, le pire problème qu'ils créent, ce n'est pas que les gosses ont des chambres bordéliques, c'est qu'ils ne savent pas obéir, et c'est peut-être mignon à trois ans ( euh, non, je trouve pas, mais apparemment les parents des sales gosses de trois ans ne sont pas d'accord ), mais à vingt ans quand ils devront gagner leur vie, ça va énormément leur nuire. Ça se voit énormément chez nous, d'ailleurs, mais ça je pense vous l'avoir déjà expliqué.

Donc je recommande, évidemment.


Livre n°24 : The Lost Empire of Atlantis, Gavin Menzies, 2011

Vous vous souvenez peut-être de Gavin Menzies, auteur de 1421 et 1434. C'est le gars qui a découvert que les chinois ont découvert l'Amérique avant Christophe Colomb. Sauf qu'il y a beaucoup de monde qui a découvert ça avant Gavin Menzies, mais eux-autres ils ont écrit des papiers dans des journaux scientifiques, alors que Gavin Menzies a écrit un livre pour les masses et un blog et a également été à la télé. C'est malin.

Bon, toujours est-il qu'ayant découvert que les chinois avaient découvert l'Amérique avant Colomb, Gavin Menzies se reposait sur ses lauriers en Crète, avec sa femme Marcella, et il mangeait des agneaux et des olives très bonne, et du coup, il a découvert qu'en fait les minoens ont découvert l'Amérique avant les chinois. Alors du coup il a mangé des piments farcis, et avec sa femme Marcella, il est allé en Tunisie, où il a mangé du couscous, et par la suite il a également mangé un œuf, la moitié d'un bœuf, quatre-vingt moutons, et autant de chapons. D'où il ressort que les minoens ont découvert l'Amérique pendant l'Age de Bronze, et que ça aussi, quelqu'un l'avait découvert avant Gavin Menzies et sa femme Marcella, mais ils n'ont pas eu le bon sens d'en faire un livre sur leurs aventures gastronomiques.

Donc Menzies m'énerve un peu, mais je lui suis reconnaissante d'avoir résumé un tas de recherches que moi je n'aurai jamais le temps de lire ou de faire moi-même. Je le recommande.

Maintenant ce qui devient très intéressant c'est qu'entre Menzies, Maté, Milgram, et ce qu'on peut observer à l'œil nu, on commence à se rendre compte à quel point la propagande des Premières Nations est éloignée de la réalité. Selon eux, ils avaient une société merveilleuse de gens très très gentils et intelligents, puis l'homme blanc est arrivé en 1492 et a tout détruit. En réalité, il y avait un contact assez fréquent entre les continents depuis au moins l'Age de Bronze, et si certaines populations Amérindiennes sont restées illettrées et primitives jusqu'à ce que l'homme blanc « détruise » leur mode de vie idyllique, ce n'est pas faute d'opportunité de s'instruire et de participer au progrès et au commerce mondial. Depuis l'Age de Bronze, quand même. Enfin bon, ça c'est une polémique qui ne vaut vraiment pas la peine d'être entamée.


Livre n°25 : Job

Bin oui, il faut quand-même bien lire sa Bible de temps à autre. Mais alors Job, euh, très bof. Job est un homme très riche mais pourtant très honnête, bon, et croyant ( un des trucs les moins crédibles de la Bible ). Alors Satan fait un pari avec Dieu, que lui, Satan, peut faire chier Job au point qu'il va maudire le nom de Dieu. Donc il arrive plein de misères à Job, et pourtant, il ne maudit pas Dieu. Du coup Dieu le récompense. En résumé, c'est intéressant, mais en version longue, c'est des pages et des pages et des pages d'argumentation théologique très vaseuse et pas très intéressante. C'était bien plus intéressant en version Lego.


Voili voilou, c'est tout ce que j'ai lu depuis la dernière fois. Maintenant j'ai un hiatus dans mon approvisionnement en livres, ce qui est navrant. Je vais peut-être relire Jonathan Fenby, tiens.

2 commentaires:

Valentine a dit…

as tu finalement reçu ton Economist ?

Mongoose a dit…

Ah oui, ça, j'en ai reçu ! J'ai reçu celui du 19 mai le 31, celui du 26 mai le 4 juin, et celui du 12 mai aujourd'hui. A ce rythme je pense devoir bientôt quitter ma job pour me consacrer entièrement à la lecture de l'Economiste.