lundi 27 février 2012

Le défi de l'Antarctique

Livre n°12: Scott of the Antarctic, David Crane, 2005.

Bon. Bin, c'est encore un livre sur Scott. Il y en a beaucoup. Celui-ci est pas pire, mais d'un autre côté, c'est encore un livre sur Scott. Le plus intéressant, c'est donc les trucs qu'on ne trouve pas dans les autres livres sur Scott, comme sa feuille de discipline de quand il avait 13 ans sur le navire-école Britannia. Par exemple: être venu sur le pont en chemise de nuit; avoir parlé dans son hamac après le couvre-feu; être entré dans un verger sans permission. Passionnant, la discipline militaire.

Après il y a la première expédition polaire avec Discovery, qui est probablement l'expédition polaire la plus agréable de toutes celles qui ont été racontées. Une fois de plus, l'intérêt de ce livre est dans les détails qu'on ne trouve pas dans les autres, par exemple, les équipes de football sur glace: les officiers contre les marins, les mariés contre les célibataires, et les "poulains" (moins de 28 ans) contre les "fossiles" (28 et plus). J'aime toujours lire les histoires de Discovery, ça parait très sympa, comme ambiance. Si j'arrive jamais à obtenir un contrat de travail dans l'Antarctique (inshallah), j'espère que ça sera un peu comme ça.

Après, ça se gâte. Il rentre en Angleterre et décide de se marier. C'est une bonne idée en principe, mais il s'est trouvé une femme absolument insupportable. Entre autre, elle était très misogyne, mais d'une façon différente de moi; et comme chacun sait, j'ai une attitude hypocrite envers l'hypocrisie. (C'est une blague de House.) Elle, ce qu'elle a contre les autres femmes, c'est qu'elle veut que tous les hommes n'aient d'yeux que pour elle. Alors comme elle est pas trop agréable à regarder, il y a peu de chance, et ça la rend acariâtre. Pis les lettres d'amour edwardien, c'est assez insupportable à lire. Heureusement qu'ils n'ont pas été mariés longtemps.

Au bout d'un moment, Scott s'ennuie de la routine ouvrage – femme chiante – bébé et repart dans l'Antarctique, et c'est là que ça se gâte pour lui. Il y a des livres pro-Scott et des livres anti-Scott, mais ça revient au même: il n'était pas prêt, et il a fait de mauvais choix. D'abord on comprend très mal pourquoi il a emporté des poneys. Parce qu'il n'arrivait pas à faire travailler les chiens, soit, mais qu'est-ce qui lui a fait croire que des poneys réussiraient mieux dans un environnement auquel ils ne sont pas du tout adaptés? Quant aux proto-motoneiges, c'était une bonne idée, mais il aurait fallu attendre que ce soit mis au point. C'était vraiment pas urgent d'aller au Pôle. Et les chiens, bin c'est pas la faute des chiens, de toute évidence, parce que les Inuit et les norvégiens se débrouillaient très bien avec; le problème c'est que Scott et ses gars ne savaient pas les mener. Et ils ne savaient pas skier, non plus. Donc ce qui est surprenant, c'est pas qu'ils soient morts, mais qu'ils ne soient pas morts plus tôt. Et pourquoi ils sont allés au Pôle à cinq alors que tout était prévu pour quatre gars et qu'un n'avait pas de skis, les auteurs pro-Scott ont beau m'expliquer ses raisons, je trouve que ça n'avait aucun sens.

Tout livre sur Scott, apparemment, est tenu de finir avec une dissertation sur "pourquoi ils n'ont pas atteint le dépôt". Pour une raison qui m'échappe, il parait nécessaire de choisir UNE raison: Scott s'est mal organisé, ou c'est la faute des poneys, ou des chiens, ou des moteurs, ou des norvégiens, ou parce qu'il faisait trop froid ou trop venteux, ou parce que son lieutenant n'a pas obéi aux ordres, ou parce que quelqu'un n'a pas transmis les ordres audit lieutenant, ou encore parce que c'était un maudit cave paresseux. Donc la réponse de Crane, c'est que oui, il faisait anormalement froid sur la Barrière ce mois de mars, pis Bowers et Wilson sont restés dans la tente avec Scott au lieu d'aller chercher de l'aide parce qu'ils l'admiraient tellement qu'ils ne voulaient pas le laisser mourir seul.

Euh... Ça n'a aucun sens, ça. Quand on est perdu, dans l'Antarctique ou ailleurs, et qu'un camarade ne peut pas continuer, sa seule chance de survie c'est de le laisser là et d'aller chercher de l'aide. Se laisser mourir avec lui juste pour lui tenir compagnie, c'est absurde. Pis vu qu'ils ont été bien soulagés quand Evans est mort, puis quand Oates s'est suicidé, ce qui leur a évité d'avoir à les abandonner, je ne pense pas qu'ils auraient choisi de s'assoir et d'attendre la mort à onze miles du dépôt juste pour tenir compagnie à quelqu'un.

Donc en gros, si vous êtes pro-Scott, je le recommande, si vous êtes anti-Scott, je le recommande aussi parce qu'il y a plein à lui reprocher, et si ça ne vous intéresse pas, bin de toute évidence, c'est pas la peine de le lire.

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