jeudi 25 août 2011

Le défi du jardin

On dirait que j'ai négligé ce blog récemment. J'étais très occupée à ne rien faire... ou à ne rien faire d'intéressant. La diacre de l'église anglicane de Saint-André a accaparé beaucoup de mon temps pendant quelques semaines, mais j'y ai mis fin. En attendant j'ai lu des livres, mais je dois dire que ce défi me pompe l'air. Je ne connais que deux autres qui le fassent et ce qu'elles lisent ne m'intéresse pas, et vice-versa. Donc, bof. M'enfin j'ai lu :

N°63 : Lois Hole's Bedding Plant Favorites, Lois Hole, 1994
N°64 : Lois Hole's Perennial Favorites, Lois Hole, 1995
N°65 : Lois Hole's Rose Favorites, Lois Hole, 1997
N°66 : The Garden Primer, Barbara Damrosch, 1988
N°67 : How to Cheat at Gardening and Yard Work, Jeff Bredenberg, 2009

J'en fait un lot parce qu'ils sont à peu près tous pareils. Les trois de Lois Hole sont des listes de plantes, annuelles, vivaces et roses respectivement ; les deux autres t'expliquent comment jardiner. Ils ont tous les mêmes fautes : premièrement, ils donnent des ordres ou conseils niais, et deuxièmement, ils essayent de se rendre intéressants.

Sous la première rubrique on trouve des trucs genre « ne plantez pas toutes les fleurs bleues ensemble » ou « plantez toujours les plantes vivaces en nombres impairs ». Ah ouais ? Moi je vais planter quatre fleurs bleues ensemble et si t'aimes pas ça, tu sais où te le mettre, ton conseil à la noix. Nan mais faut pas exagérer. Pire, dans le livre de Damrosch, « construisez des plates-bandes pour vos légumes avec du bois traité ». Hein ? T'es malade toué ? Le bois traité il est traité avec un pesticide immonde, très cancérigène, et en plus en 1988 il contenait de l'arsenic. Ce pesticide est absorbé par le sol, puis par les légumes. Il faut s'en servir le moins possible, en prenant beaucoup de précautions, et surtout pas dans son potager. Pis c'est pas la peine de nous faire tout un plat de « moi je me sers pas de pesticides parce que c'est très très vilain » pis de nous dire d'utiliser du bois traité. Y'a des fous, je vous jure.

Et sous la deuxième rubrique, on a « le style ». Comme vous savez, j'ai horreur du style, et surtout dans un ouvrage qui se veut crédible. Alors par exemple « the leaves are happily producing food for next year », c'était pas la peine de dire « happily ». D'abord une feuille ça n'a pas d'émotions, donc ça m'étonnerait qu'elle soit heureuse, et deuxièmement c'est juste un mot complètement inutile, pour la frime. Pour nous montrer que lui, Jeff Bredenberg, non seulement il s'y connait en jardinage, mais en plus il sait écrire. Et puis ils aiment tous nous parler d'eux-mêmes et de leurs potes, sans doute pour que ce soit plus attachant. Genre « dans le jardin de ma grand-mère... » Tu sais ce que j'y dis, à ta grand-mère ? Ou pire, « moi j'aime le tennis ». Et alors ? Tu crois que ça m'intéresse ?

Si vous cherchez des idées de plantes pour votre jardin, je recommande de feuilleter les Lois Hole à la bibliothèque de chez vous ; les deux autres bouquins c'est vraiment pas la peine. D'ailleurs moi je t'écris le livre du jardinage en six mots, comme Hemingway :

Terre, eau, graine, soleil, nourriture, temps.


Voilà, vous savez tout. Et moi j'ai gagné le concours des jardins en fleur, alors na ! P'tain, je devrais recevoir un Pulitzer pour ça.


Bon, passons. Livre n°68 : The Boy Who Came back from Heaven par Kevin et Alex Malarkey, 2009.

Oh la la c'est trop débile ce truc !!! C'est la diacre de Saint-André qui me l'a prêté ; elle veut que tout le monde le lise parce que « ça montre la puissance de la prière ». Ouais, nan sauf que pas du tout, en fait.

Kevin Malarkey, c'est un gars qui conduit mal. Sa femme le lui dit sans arrêt. Alors un jour, il est arrêté à un stop, il a pas la ceinture, il parle sur son perso et il regarde son gosse de six ans, Alex, dans le rétroviseur, et alors il ne voit pas une voiture qui vient sur sa gauche, il s'engage dans l'intersection, et boum, une collision. Kevin est éjecté de la voiture ( non, selon lui, des anges l'ont retiré de la voiture et allongé sur le gazon ). La mère de famille et les deux gosses dans l'autre voiture, on ne nous dit jamais ce qu'ils ont eu comme blessures, mais ils ont tous survécu. Le gamin, Alex, il a eu la colonne vertébrale brisée au-dessus de la première vertèbre cervicale. Par hasard, il se trouve que sa famille et tous les secouristes sont chrétiens, et ils se convainquent entre eux que Dieu leur a dit qu'il allait guérir le petit. Complètement, genre il va pouvoir marcher et tout. N'empêche qu'il est dans le coma pendant sept semaines. Pendant ce temps, l'église de sa famille prie pour eux. Ben tiens, c'est fait pour ça, une église. Mais ils ne font pas que prier : ils gardent les trois autres gosses, ils font à manger, ils réparent le toit et la plomberie de leur bicoque pourrie, il y en a même un qui paye toutes les factures très en retard, car non seulement Kevin conduit mal, il est également dans le trouble financier. Puis grâce à l'Internet, de plus en plus de monde se met à prier pour Alex. Au bout de sept semaines, il émerge de son coma, puis il apprend de nouveau à parler, et la première chose qu'il dit, c'est que lui, le gosse, il avait bien vu l'autre voiture venir. Ça vous dit à quel point le père est nul. Et attends, c'est encore mieux : comme le père a peur qu'on le blâme pour la collision ( ben tiens ), il demande à un de ses potes « mon gosse était super chrétien, il aurait pu être prêtre, tu crois que c'est le diable qui a causé cet accident ? » Et son pote lui dit « bin évidemment ! »

Oh la la... En voilà des malades. D'abord n'importe quel professionnel de la sécurité te dira que c'était pas un accident. Un accident c'est imprévisible et donc inévitable ; une collision comme ça c'était très prévisible et très évitable. Pis ça n'a rien à voir avec le diable, qu'on y croie ou non, c'est juste un mauvais conducteur qui a causé une collision. Et alors le pire de tout, c'est que trois mois après la collision, alors que Kevin suit l'ambulance qui ramène son gosse chez lui pour la première fois, il est encore à faire des appels sur son perso. Ce qu'il est grave, ce type, je vous raconte pas ! Bin si, de toute évidence, je vous raconte.

Bon. Donc cette histoire est censée nous prouver que Dieu existe et que si tu pries assez, Dieu fait des miracles pour toi. N'importe quoi... Bon, que Dieu existe ou non, c'est à chacun d'en décider, mais ce livre ne le prouve certainement pas. D'abord, le gosse n'a pas guérit. Il a survécu, bon, ça peut paraître miraculeux mais son cœur ne s'est jamais arrêté, donc en fait, non, c'est pas un miracle. Et sept ans plus tard, il est toujours paralysé depuis le cou. Il peut utiliser son menton pour conduire son fauteuil roulant ou se servir d'un ordinateur adapté, et c'est tout ; pas de guérison, pas de progrès, et comme la plupart des paraplégiques, il a la santé très fragile. J'ai trouvé le blog de sa mère, donc je le sais de source sûre. Et quant à la puissance de la prière, on voit mal comment c'est censé nous convaincre, parce que tous les « miracles » sont en fait des interventions humaines. Genre le toit de la maison, il s'est pas réparé tout seul, ni par miracle, ni par le doigt de Dieu ; c'est une équipe de bénévoles humains qui se sont donné la peine de le faire. Et la survie du gosse tient surtout au fait qu'on lui a mis un respirateur et qu'il y a toujours des hélicoptères pour l'évacuer quand il est malade et des docteurs pour prendre soin de lui etc. Si la prière ça marche tellement bien, pourquoi ils appellent toujours un docteur au lieu de prier ? C'est bête ce truc.

Le seul point qui m'a paru convainquant c'est quand Dieu aurait, nous dit-on, envoyé un ange pour donner un message au père, et le message dit entre autres « j'en ai rien à faire de tes factures ». Parce que si Dieu envoyait des anges messagers, à mon avis c'est exactement ça qu'ils diraient.

Bon. Donc ce livre prouve qu'il y a des gens qui aident leur prochain et d'autres qui ne savent pas conduire. C'était pas trop la peine de lire un livre pour le découvrir. Je ne le recommande pas du tout.


N°69 : Jérémie
N°70 : Lamentation
N°71 : Evangile selon Saint Marc
N°72 : Evangile selon Saint Luc

Aaaaaaah... Voilà qui est bien ! Après tous ces trucs nuls de jardinage et de gars qui savent pas conduire, ça fait du bien de lire un bouquin un peu raisonnable. Jérémie est très sympa, il a toutes sortes d'histoires marrantes sur l'exil des Israélites. Lamentation, bon, c'est une lamentation... Et les deux évangiles, on y croit ou pas, mais tant qu'à faire il vaut mieux recevoir la Parole de Dieu de la bouche du cheval que dans l'interprétation de tel ou tel diacre ou d'un gars qui conduit mal. En plus ils racontent bien mieux. J'aime pas « le style » en général, mais le style biblique, si, ça me plait. J'ai maintenant lu 37% de la Bible ; c'est sympa, ce truc.

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