lundi 1 août 2011

Le défi du Capitaine Cook

Livre n°62 : Cook : the extraordinary voyages of Captain James Cook par Nicholas Thomas, 2003.

Bof.

En introduction, après beaucoup de méandres, l'auteur nous dit qu'il y a énormément de biographies de Cook (on s'en doutait) et qu'elles sont toutes pareilles, que donc il n'est pas besoin d'en écrire une autre encore pareille. Lui prétend donc en écrire une complètement différente.

Ah bon ?

Bon, moi j'ai pas lu les autres biographies de Cook, mais ça me parait difficile d'écrire une biographie différente du même gars à partir des mêmes sources. Donc ce qu'il fait de différent c'est que d'abord, il ne nous parle pas de ses parents, son enfance, sa formation, etc. Il ne fait que les voyages, parce que c'est la partie intéressante. Bon. Jusque-là, je suis à peu près d'accord. Deuxièmement, il va nous dire ce que Cook pensait, pas ce que les biographes pensaient que Cook pensait. Si j'ai bien compris. Hein ? Ça n'a aucun sens, son affaire.

En pratique, ça veut dire d'abord qu'il nous parle beaucoup de lui-même, vu que c'est à la mode. Son enfance à Sydney, ses premières lunettes, une carte postale qui l'intrigue... Comme si ça m'intéressait. Et puis au lieu de lire le journal de bord de Cook et de l'éditer pour le bénéfice du lecteur britannique du 18ème siècle, il va l'éditer pour le bénéfice du lecteur moderne. Il lit beaucoup entre les lignes, genre pourquoi Cook n'a pas raconté tel ou tel incident que les autres officiers ont dans leurs journaux. Et comme il faut bien écrire quelque chose de plus ou moins original, il essaye de s'arranger pour trouver une autre raison que « ça lui donne l'air bête et méchant alors il ne veut pas que ça se sache ». De toute évidence, il veut rendre Cook sympathique, mais plus ça dure, moins il réussit. D'autre part, il adhère au mythe du Bon Sauvage, évidemment, car rien n'est publié de nos jours qui n'y souscrit pas. Surtout qu'il est australien, alors il faut qu'il se fasse bien voir chez lui, hein, évidemment. Donc il passe beaucoup de temps à nous expliquer que tous les autochtones que Cook a rencontrés étaient en fait très civilisés, intelligents, honnêtes, artistes, travailleurs, etc., et que Cook était un anthropologue né qui ne les a pas toujours compris mais a toujours respecté leurs cultures merveilleuses.

Yeah, yeah, yeah. Alors ce que je ne comprends pas c'est que si Cook était tellement gentil et les sauvages étaient tellement gentils et tout le monde était si honnête et civilisé, pourquoi les sauvages étaient-ils voleurs, cannibales, traitres, arnaqueurs, menteurs et violents, pourquoi Cook leur tirait-il dessus à tout bout de champs, et surtout, pourquoi n'y avait-il aucun progrès dans les relations sur une durée de plus de dix ans ?

Donc, je me suis vite lassée de lire les louanges de types tous plus fourbes les uns que les autres. Mais ce qui est surtout décevant, c'est que les voyages de Cook sont en fait très monotones, même pour ceux qui y ont participé ; à plus forte raison d'en lire un récit édulcoré par un gars politiquement correct deux siècles plus tard. Pour Cook, c'était sans doute intéressant, car il s'occupait de la navigation et des bateaux en mer, et des sauvages à terre. Pour les scientifiques et artistes qui l'accompagnaient, moins marrant, car ils n'avaient pas grand-chose à faire en mer. Pour les marins et les marines, c'était ennuyeux, désagréable et dangereux. Ils avaient trop froid, trop chaud, pas de vitamines, des maladies de toutes sortes, ils se faisaient fouetter à tout bout de champs, un s'est suicidé, et plusieurs se sont fait manger par les cannibales. Et en plus ça payait mal. Pour le lecteur, ce qu'il y a de plus distrayant dans ce livre c'est l'orthographe des journaux, mais encore ça m'énerve un peu qu'on reproduise toujours l'orthographe de l'original. Les gens ne savaient pas épeler ; ils ne le savent toujours pas ; et alors ?

Dernier point qui m'a énervée : toutes les cartes sont à la fin du livre, donc j'ai passé tout le temps à ne rien comprendre, et quand j'ai enfin découvert les cartes, j'avais oublié le récit, donc ça ne m'intéressait plus.

Je ne le recommande pas. Si vous aimez les histoires de bateaux, j'aime mieux The Way of a Ship par Derek Lundy ou 1421 par Gavin Menzies.

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