samedi 9 avril 2011

Défi, blah blah blah

Livre n°34 : Osée

Heureusement que Microsoft connait tous les noms des prophètes en français, parce que moi non. Enfin de toute façon Osée est très oubliable. Je suis sûre qu'il a fait de son mieux, mais je ne me sens pas adéquatement prévenue contre la vengeance du Seigneur.


Livre n°35 : Joël

Quatre prophètes de lus, encore vingt à faire. On peut pas dire qu'Israël n'avait pas été prévenu. Joël est sympathique; d'abord il ne fait que quatre pages, et ensuite il est poétique. On a moins l'impression qu'on va se faire butter la gueule le jour du Jugement. C'est plutôt comme les parents disent en anglais : « I'm not mad, I'm disappointed. » Je le recommande.


Livre n°36 : 1434 : the Year a Magnificent Chinese Fleet Sailed to Italy and Ignited The Renaissance par Gavin Menzies, 2008.

P'tain, c'est quoi, ça, pour un titre ? Genre je vais me rappeler tout ça.

Bon, à part le titre nul, le livre est assez bien. C'est pas exactement la suite de 1421 et c'est pas aussi intéressant, je dois dire. 1421 c'est une aventure épique qui a en plus l'avantage de prouver que tout le monde a tort sur tout. On s'amuse et on se renseigne. Mais après avoir publié 1421, Gavin Menzies a reçu beaucoup de messages lui demandant pourquoi il n'avait pas du tout parlé de l'influence chinoise en Europe. Donc il s'est penché sur la question et il a découvert qu'en 1434, une flottille chinoise est en effet arrivée à Florence pour distribuer le nouveau calendrier préparé pour l'accession du nouvel empereur, ainsi que leurs cartes du monde et leurs méthodes pour calculer la latitude et la longitude, de façon à ce que les barbares (c’est-à-dire nous autres) n'aient plus d'excuses pour ne pas se rendre en Chine pour rendre hommage et tributs à l'empereur. Et en même temps, comme ils avaient déjà l'imprimerie, ils apportaient des livres de toutes sortes sur l'agriculture, les machines industrielles, le BTP, la production de soie, la guerre, la métallurgie, et en gros, toutes les sciences et le génie qu'ils connaissaient, c’est-à-dire, tout. Ou presque.

Bon. Tout à coup, après 1434, toutes sortes de génies apparaissent en Italie. Et aucun d'entre eux n'a fait d'études, et pourtant ils « découvrent » tout. Et ils n'attribuent jamais rien à personne, donc on croit qu'ils ont tout inventé eux-mêmes. Mais lorsque Gavin Menzies se penche sur la question, il s'aperçoit que Léonard de Vinci avait copié les dessins de Francesco di Giorgio Martini, qui avait copié ceux de Mariano di Jacopo ditto Taccola, qui avait comme par hasard, dessiné toutes les machines des livres chinois, commençant en 1435. Pareil en maths, Toscanelli, Nicholas de Cusa, Alberti et Regiomontanus ont spontanément « découvert » tout ce que les chinois savaient déjà, après 1434. Et en matière d'exploration, tous les européens qui ont « découvert » le monde avaient des cartes avec tout ce que savaient les chinois.

Intéressant. Sauf que pas très vivant, et en plus, Menzies ne découvre rien qui montre exactement qu'un chinois a donné un livre a un florentin ; tout ce qu'il trouve c'est ces coïncidences, tous les florentins se mettant à découvrir par miracle tout ce que savaient les chinois, juste après que les chinois leur aient rendu visite. Et aucun des génies en question ne référence aucun des génies chinois. Sympa, les gars !

Bon. Donc, bon à savoir, un peu plate à lire. J'aime mieux 1421.


Livre n°37 : Ivan the Terrible par Robert Payne et Nikita Romanoff, 1975.

Ça fait des années que je veux lire ce livre, et j'ai fini par l'acheter. J'en suis déçue. D'abord, je l'ai lu en deux jours. Quand j'achète un livre, j'aime qu'il me dure au moins un mois. Deuxièmement, je n'aime pas comment ils l'ont arrangé. J'aime que les livres d'histoire soient en ordre chronologique ; je comprends mal pourquoi dans celui-ci, la mort d'Ivan est suivie par un chapitre sur la conquête de la Sibérie deux ans avant, puis retour à la maladie finale et mort d'Ivan. Et après nous avoir appris une deuxième fois qu'il est mort, on nous dit qu'il avait auparavant eu deux accidents vasculaires cérébraux.

Troisièmement et ce qui m'énerve le plus, ça manque de détail. Par exemple, on nous dit qu'Ivan souffrait de toutes sortes de maladies « dues à ses excès », mais on ne nous dit pas de quoi il s'agissait. Grâce à une citation d'un visiteur anglais, on peut croire que la gonorrhée en faisait partie. C'est la seule fois qu'on entend parler de sa vie sexuelle, alors que selon un documentaire que j'avais vu il y a des années (et qui est pourquoi je voulais sa biographie, d'ailleurs), il couchait avec tout ce qui bougeait, mâle ou femelle. Normalement je ne m'intéresse pas à la vie sexuelle des gens, mais dans son cas, ça faisait partie de sa pathologie, et cette pathologie est la seule qualité intéressante qu'il possédait. A part ça, il a conquis Kazan, c’est-à-dire qu'il était avec l'armée lors de la conquête de Kazan, et il a fait construire la Cathédrale de l'Intercession de la Vierge sur la Place Rouge, et c'est tout. Il n'était bon à rien : ni général, ni administrateur, ni réformateur social, ni mécène, rien. Tout ce qu'il a fait de sa vie, c'est d'être un psychopathe.

Bon. Mais justement, moi, les psychopathes, ça m'intéresse énormément, et ce livre était censé nous parler de la psychologie d'Ivan. Et bien non. Peut-être parce qu'en 1975, tout ça était un peu tabou. On ne nous dit donc presque rien de son enfance, sauf qu'il était traumatisé par le fait que les régents n'arrêtaient pas de s'assassiner entre eux. Bon... peut-être, mais pourquoi ça l'aurait rendu sadique ? Le documentaire qui avait piqué mon intérêt suggérait qu'il avait été très maltraité après la mort de sa mère, non seulement n'ayant pas toujours à manger, mais étant battu et agressé sexuellement. Ça, à mon avis, ça a beaucoup plus à faire avec sa pathologie. Le documentaire nous dit également qu'il torturait les animaux ; ça n'apparait pas dans le livre, alors que torturer les animaux est un des signes classiques du futur psychopathe.

Lorsqu'Ivan grandit, les auteurs s'intéressent beaucoup à l'Oprichnina et aux meurtres, tortures, massacres, etc., mais disent à peine un mot des viols. D'autre part, ils essayent beaucoup de trouver des raisons, par exemple, qu'Ivan le faisait exprès pour gouverner par la terreur. Alors que justement il ne gouvernait pas du tout, et ne donnait aucune raison pour tuer les gens. D'ailleurs si c'était seulement une histoire de terreur, il ne se serait pas autant amusé à torturer lui-même les gens. On le compare brièvement à Staline et ça me parait très injuste pour Staline (même si lui-même avait fait cette comparaison). Staline, justement, avait choisi de gouverner par la terreur, mais il n'allait pas aux tortures et aux exécutions. Et bien que Service commence par chercher les origines de la pathologie de Staline, en fin de compte il ne donne en fait pas du tout l'impression d'être pathologique. C'était juste un gars peu scrupuleux dans une société très peu scrupuleuse, qui s'est trouvé au pouvoir après une révolution, et s'y est maintenu pendant trente ans de guerres. Evidemment il a tué beaucoup de monde, mais il ne l'a pas fait pour s'amuser. Ivan, si. Et Ivan était né au pouvoir et n'avait nul besoin de révolution ou de terreur ; au contraire, le pays et les boyards auraient bien aimé avoir la paix et qu'il gouverne un peu au lieu de faire l'imbécile.

Ce qui est surtout marrant dans ce livre c'est qu'en fin de compte Ivan me rappelle certains gars que je connais, par exemple, l'imbécile pour qui je travaillais l'année dernière à Yellowknife. Il a juste eu la malchance d'être né tsar, et donc d'avoir le pouvoir de faire tout ce qu'il voulait. Et ce qu'il voulait, s'était d'écraser les gens. Comme mon ex-patron et mon ex-homme. C'est peut-être pathologique, mais c'est très courant et justement, ce n'est pas un diagnostic psychiatrique.

Donc en gros, j'ai dépensé de l'argent pour lire un livre sur un gars minable qui n'a rien fait de sa vie et qui ressemble exactement aux gars minables que je connais dans la vie. C'était vraiment pas la peine. Cela dit c'est pas que le livre ne soit pas bien fait, c'est le gars qui n'en valait pas la peine. Donc si sa vie vous intéresse quand même, lisez le livre. Mais je vous aurai prévenu : c'est un type nul qui ne vaut pas la peine qu'on s'intéresse à lui.

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