samedi 12 mars 2011

Le défi des livres découvre le monde

Livre n°29 : 1421 : the year China discovered the world by Gavin Menzies, 2002.

Gavin Menzies est un capitaine de sous-marin retraité. Alors un jour il entre dans un bar et le barman lui dit...

Non, je rigole. Un jour Gavin Menzies est dans son bain. Un chinois entre et lui dit « accroche-toi au savon, j’enlève l’échelle. »

P’tain, je la raconte hyper mal...

Bon, en fait c’est surtout que je sais pas écrire les revues de livres. En vrai, Gavin Menzies passe sa retraite à regarder d’anciennes cartes. Très anciennes. Un jour, il regarde une carte faite en 1424 qui montre très bien l’Europe, mais d’un autre côté, il y a quatre îles à un endroit où en réalité, il n’y a pas quatre îles. « Bizarre », se dit Gavin Menzies. Puis, il s’aperçoit qu’à part une erreur de longitude, c’est la Guadeloupe, Porto Rico, les Saintes, et j’oublie la quatrième, mais ça n’a pas d’importance. L’important c’est que comment peut-il y avoir une carte des Caraïbes avant qu’on les ait découvertes ? Il s’est donc penché sur la question, et il a émis l’hypothèse que les chinois auraient découvert et cartographié non seulement les Caraïbes mais l’Afrique, les deux côtés des Amériques, l’Antarctique, l’Australie, le Groenland, la Norvège, le Pôle Nord, la côte arctique de la Russie, l’Alaska, et tout le reste du monde navigable, entre 1421 et 1423. Puis il est allé voir les chinois, pour voir ce qu’ils en pensaient, et ils lui ont dit « on le savait déjà, gros têteux. »

Le seul ennui, c’est que les empereurs chinois après 1424 ont fait détruire tous les livres de Chine, donc tous les rapports des voyages d’exploration, donc maintenant, il faut chercher des indices partout ailleurs. Par exemple, des pierres levées avec des écritures ; des porcelaines chinoises ; des espèces de plantes et d’animaux transplantées ; des cartes qui montrent des choses avant que les européens les aient « découvertes » ; des peuples aborigènes d’Amérique qui comprennent spontanément le chinois ; des jonques naufragées ; les routes de pierres de Bimini ; des bijoux de jade là où il n’y a pas de jade ; et autres phénomènes intéressants et difficiles à expliquer autrement.

Menzies passe donc quinze ans à chercher des choses comme ça, et plus il en cherche, plus il en trouve. Au début il se dit « osti, tout le monde va croire que je suis fou », mais plus il en parle, plus tout le monde est d’accord. Sauf les américains, qui préfèrent croire à Christophe Colomb qu’aux chinois. (D’ailleurs Colomb était un escroc et un esclavagiste qui a construit sa carrière sur des mensonges, donc on voit pourquoi ça leur paraît être un bon modèle.) Puis, des gens de partout commencent à lui envoyer d’autres indices. Il reçoit maintenant 2000 courriels par jour et a toute une équipe de chercheurs.

Au bout d’un moment, il se dit qu’il faut bien tirer un trait et publier son livre, parce que l’information n’a pas l’air prête de s’arrêter de venir. Donc en 2002, il publie 1421, pas avec tout ce qu’il sait, mais assez pour que ce soit très intéressant.

Je dois dire qu’au début, j’ai trouvé son texte un peu décousu et visiblement pas écrit par un professionnel, comme par exemple Winchester. Par contre il s’y connaît bien plus sur son sujet et ne passe pas son temps à raconter sa vie. Winchester, dans son histoire de l’Atlantique, parle beaucoup de Colomb et des autres explorateurs européens, entre autres les vikings, qui auraient à son avis créé la carte du « Vinland ». Comme si les vikings faisaient des cartes. Par contre, il ne dit rien des chinois, et pourtant 1421 est paru longtemps avant Atlantic. Donc soit Winchester ne l’a pas lu et il aurait pu se donner un peu plus de mal pour écrire son bouquin, soit il est jaloux et ne veut pas en parler, soit, comme je l’avait déjà soupçonné, il manque d’honnêteté intellectuelle. Alors que Menzies, clairement, c’est un gars à qui on peut faire confiance, non ? Capitaine de sous-marin, c’est pas du tout sournois et dissimulateur. Enfin moi, en tout cas, j’ai plus confiance aux sous-mariniers qu’aux journalistes.

Bon. Donc, je recommande énormément 1421. Je recommande que vous lâchiez tout de suite ce que vous faites pour aller le lire. C’est tellement bien, ça se passe même d’une morale marxiste. Mon seul problème avec ce livre, c’est que je l’ai emprunté à la bibliothèque, donc maintenant ils vont vouloir que je le rende, et puisque je l’ai déjà lu, j’ai pas d’excuse pour l’acheter. Zut...

Aucun commentaire: