lundi 12 juillet 2010

Pourquoi je ne suis pas photographe


On me demande parfois pourquoi je suis charpentier plutôt que photographe. Bon, c'est un gentil compliment, mais d'abord, je suis bien meilleur charpentier que photographe. (Si, si!)

Deuxièmement, pour se faire photographe "professionnel", il n'importe pas du tout d'être photographe, il faut surtout être vendeur. Et moi, je ne sais pas vendre.

Troisièmement, la plupart des photographes professionnels font surtout les mariages, les bébés, les portraits de famille... D'accord, chacun a son goût, mais moi ça ne m'intéresse pas. J'aime bien mieux passer la journée à couler du béton que de mettre un bébé dans un pot de fleurs et de laisser l'appareil faire le reste. Moi si j'étais photographe, vous avez pu le remarquer, je ferais bien sûr de la photographie animalière.

D'où quatrièmement: la photographie animalière, c'est difficile, et c'est dangereux. Parce que d'abord, il faut les trouver, les animaux, et comme je vous ai montré dans le passé, c'est pas forcément facile, même quand on sait exactement où ils sont. Et plus c'est facile à trouver, moins ça vaut d'argent. N'importe qui peut prendre une photo de son chat, mais ça ne se vent pas. Un léopard des neiges, ça se vent très cher, mais encore faut-il les trouver.

Ensuite, le danger. Dans la photo ci-dessus, une mouette de Bonaparte m'attaque pour protéger ses petits. Bon, une mouette de Bonaparte, ça pèse 200 g, donc c'est pas trop dangereux. Un bison, par contre, ça pèse une tonne, et ça a des cornes. Alors la plupart du temps je les prends en photo sans quitter ma voiture, comme ci-dessous. Et encore, ils pourraient facilement me la détruire, la voiture.


Hier, je m'étais arrêtée sur l'autoroute pour prendre des photos de grues du Canada. Je me suis garée à peu près à 100 m des grues, parce qu'elles sont très farouches, et puis avec le chien, on s'est approchées très sournoisement en longeant l'orée du bois. Dès la descente de voiture, ça sentait très fort le bison, mais bon, je me suis dit, il y a de la bouse partout, c'est ça qu'on sent.

Donc je m'approche des grues, je réussis à ne pas leur faire peur, j'en prend quelques photos pas mal réussies (encore que pas assez bonnes pour être commerciales), et puis je décide de traverser l'autoroute pour revenir à la voiture, histoire de voir s'il y a quelque chose à voir de l'autre côté.

De l'autre côté, il y avait les bisons. Toujours pas visibles - ils étaient dans les bois. Je les ai juste entendus. Quand un bison est inquiet, il fait un petit ronflement, et chaque bison qui l'entend et repère également le danger lui répond de même. Donc j'ai entendu un ronflement, puis plusieurs réponses, puis, silence. Me voici donc à 100 m de ma voiture, avec un troupeau de bisons qui savent que je suis là, et qui n'en sont pas très contents. C'est inquiétant.

Heureusement, le bison a un tempérament doux et pacifique à moins qu'on l'énerve, et en plus ils ont peur du chien, donc ils ne risquaient pas trop de s'en prendre à moi. Mais si j'étais photographe animalier au lieu de charpentier, au lieu de m'éloigner discrètement, j'aurais du aller leur casser les pieds pour prendre des photos, et ça serait nettement moins marrant. Et encore, un bison, ça aurait plus tendance à s'enfuir qu'à attaquer. Mais d'aller achaler un ours ou un puma parce que j'ai besoin d'argent pour payer mon loyer, moi, ça me tenterait pas. Je préfère mon patron caractériel, au moins lui ne peut pas m'agresser.

Donc voila. La photographie animalière, c'est sympa comme passe-temps, mais comme métier, la charpenterie est quand même plus facile et plus sécuritaire.

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